jeudi 6 avril 2017
La résistible ascension d'Arturo UI de Bertold Brecht
Après avoir dans les années 70 été monté tant et plus le théâtre de Bertold Brecht n'a aujourd'hui - du moins en France - plus guère la cote. A beaucoup il apparaît didactique ce qui dans le langage actuel signifie ennuyeux. La comédienne et metteuse en scène allemande Katharina Thalbach prouve avec sa mise en scène de La résistible ascension d'Arturo Ui qu'il n'a rien perdu de sa force et de sa modernité. En décrivant la montée en puissance de Ui, un voyou dans le Chicago des années 30, Brecht dénonce celle de Hitler et de sa clique à laquelle il assiste en Allemagne. Les noms des gangsters américains et leurs innombrables exactions évoquent sans qu'on puisse s'y tromper celle des nazis qui exercent une violence paroxystique contre leurs opposants. Au départ ils apprivoisent les craintes du Hindsborough, le maire d'un âge vénérable dont l'appui leur est nécessaire. On a évidement compris que ce vieil homme n'est autre que Hindenburg, président de la République de Weimar. Lequel, dont la probité n'est que de façade, finira par lâcher les commandes. Dont s'empare aussi sec Arturo Ui. Le scénographe Ezio Toffolutti n'y est pas allé de main morte qui a inventé un espace dominé par une toile qui évoque celles que tissent les araignées. L'abomination est dès lors à l'oeuvre. A l'incendie du Reichstag dont est accusé sans l'ombre d'une preuve un jeune militant de gauche succède la nuit des longs couteaux au cours de laquelle Röhm, ami de longue date du dictateur, est assassiné avec les membres de la S.A qu'il dirigeait. Au moment où Brecht écrit la pièce la politique génocidaire des S.S. n'en est encore qu'à ses débuts. Il n'en touche mot. Maquillages soutenus, visages plâtrés, les comédiens semblent droits sortis d'un film expressionniste.Comme Laurent Stocker qui tient le rôle d'Arturo Ui, Florence Viala, Jérémy Lopez, Serge Bagdassarian, Thierry Hancisse, Nâzim Boudjena, Bruno Raffaelli, Eric Genovése et leurs partenaires, qui pour la plupart jouent plusieurs personnages, sont tous d'une impressionnante maestria. A l'heure où les doubles d'Arturo Ui ont le vent en poupe le spectacle résonne de façon particulièrement inquiétante. Cela d'autant que Katharina Thalbach, dont la mère fut une des vedettes principales du Berliner ensemble que dirigeait Helène Weigel épouse de Brecht, n'a non seulement rien oublié de la manière dont on y travaillait mais l'a affinée. Jusqu'au 30 juin Comédie-Française Richelieu tél 01 44 58 15 15
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