dimanche 22 mai 2016
La mouette de Tchekhov
Désireux d'insuffler du quotidien dans la pièce de Tchekhov, Thomas Ostermeyer a demandé à Olivier Cadiot de lui en fournir une nouvelle version. Chose faite. Au début de la représentation un interprète raille les modes auxquels sacrifient de nombreux metteurs en scène. Ce qui fait rire. On se marre moins quand un autre comédien évoque le sort d'un réfugié syrien. Ce qui apparaît d'une démagogie à laquelle l'intransigeant Ostermeyer ne nous a pas habitué. Commence la pièce avec ses personnages qui ressassent avec délectation leurs désillusions ou, dans le cas de la vedette de théâtre Arkadina, ses succès. La pièce est célèbre qui oppose des représentants de deux générations, celle des artistes en vogue et celle des débutants qui veulent apporter au théâtre un souffle nouveau et même en dézinguer les codes au risque de paraître confus voire balourds. Konstantin, le fils d'Arkadina, est le type même de ces jeunes gens à la recherche d'un style moins convenu que celui qui a fait la gloire de leurs aînés. Si malgré un langage qui affadi une oeuvre d'une densité phénoménale, le spectacle, par moments, enchante c'est grâce à certains de ses acteurs. En particulier à Valérie Dréville dont le jeu tout en finesse laisse deviner qu' Arkadina cache sous ses accés de vanité et d'égocentrisme un tempérament dépressif. Un mot aussi pour Matthieu Sampeur, qui compose un Konstantin à la mélancolie rageuse et poignante, et pour Sébastien Pouderoux qui se glisse dans la peau d'un médecin plus averti des maux de l'âme que de ceux du corps. A la sortie de nombreux spectateurs se plaignaient de n'avoir entendu que des bribes du texte. Mauvaise acoustique ou malencontreux conseils donnés aux comédiens de parler à vois basse?
Jusqu'au 25 juin Théâtre de l'Odéon 6e tél 01 44 85 40 40
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