dimanche 6 septembre 2015

Les voisins de Michel Vinaver

En écrivant en 1984 Les voisins, Michel Vinaver sortait du cadre de ce que l'on appelait jusqu'alors "Le théâtre du quotidien" qui dépeignait de façon naturaliste des vies qu'on qualifiait d'ordinaires. Les parcours de Blason (Patrick Catalifo)et de Laheu (Lionel Abelanski), qui vivent le premier avec Alice, sa fille (Alice Berger), le deuxième avec Ulysse, son fils, handicapé mental très léger (Loic Mobihan), ont été semés d'embuches, d'accidents, de ruptures, de deuils. En dépit de tempéraments on peut plus opposés, les deux hommes se font confiance, ont le sentiment de bien se connaître, partagent fréquemment, sur la terrasse qu'ils ont en commun, une bouteille de vin ou, à de grandes occasions, de champagne. Quand la pièce débute Ulysse vient d'enterrer sa chienne. Un autre événement, on pourrait dire un ouragan va s'abattre sur le quatuor. Blason, principale victime de cet épisode, ne semble au premier abord, pas trop éprouvé. Il ne tarde pourtant à chercher des bricoles à son voisin. Lequel n'entend pas en rester là. Les anciens potes s'affrontent avec une ardeur qui va en s'accentuant. Le combat est sans merci. Leurs enfants, qui rêvent d'un avenir commun, ne paraissent pas gagnés par le délire de leurs pères. Apparence trompeuse. Patrick Catalifo déploie toute sa puissance dans le rôle de cet homme, dont on assiste à la désagrégation intérieure. On ne peut qu'être séduit par le contraste entre les deux comédiens qui incarnent les pères. Il est clair que Michel Vinaver considère que le monde dans lequel nous évoluons menace notre équilibre psychique. Ce que Marc Paquien, qui assure la mise en scène, souligne avec une adresse infinie. Notamment en ponctuant le spectacle d'appels à l'apaisement sous forme de brefs extraits d'oeuvres de Mozart Théâtre de Poche Montparnasse tel 01 45 44 50 21

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