lundi 13 avril 2015
Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert
Deux spectacles d'écrivains allemands actuellement à l'affiche à Paris évoquent le retour au pays d'un soldat parti guerroyer. Hinkemann d'Ernst Toller décrit les désastreuses retrouvailles avec sa femme d'un homme qui a perdu durant la saignée de 14-18 ses attributs sexuels. Bien que mise en scène avec maestria par Christine Letailleur la pièce portée aux nues par la critique nous a semblé inconsidérément bavarde et lorgner trop résolument du côté de Bertolt Brecht. Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert est d'un acabit nettement supérieur. Revenu de Sibérie où il passé plus de deux ans, le sous officier Beckmann qui participa à la bataille de Stalingrad a une jambe raide et porte des lunettes de masque à gaz. Celles-ci devaient permettre à ceux qui les chaussaient de foncer droit sur l'ennemi. L'ennemi à présent sont plutôt ses compatriotes qui le prennent de haut et ne lui offrent aucune aide. Son allure et ses paroles lui valent au contraire des rires malveillants. Il atteint le bout de ce chemin de douleur quand une voisine de ses parents, avec des accents mauvais, lui relate leur sort. Qu'on laisse découvrir tant il dépasse l'imagination. La jeune Lou Wenzel s'est saisie de cette pièce qui, on l'aura compris, baigne dans le noir de son temps, avec des moyens réduits et un art déjà consommé de la mise en scène et de la direction de comédiens. Wolfgang Borchert écrivit ce texte (et quelques nouvelles) au sortir de la guerre. Il mourut peu après âgé de 26 ans. Le prodige est que l'élan qui soulève la troupe est diablement porteur d'espoir.
Jusqu'au 19 avril à La Parole errante - Montreuil Réservations : louwenzel@free.fr
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