Ecrivain discrètement majeur, Louis Guilloux (1899-1980) mit la dernière main à son roman "Coco perdu" deux ans avant de trépasser. Puisant au plus intime de son expérience il décrit un homme tout ce qu'il y a d'ordinaire qui, après avoir accompagné à la gare sa femme désireuse de revoir Paris, laisse quelques jours durant dériver son esprit. Le comédien Gilles Kneusé a adapté ce texte dont il est, à juste titre, fou pour la scène et le joue (à merveille) dans une mise en scène qu'il a conçue avec Thierry Laval.
Le bonhomme retourne dans leur maison, s'y morfond un peu, se rend dans un restaurant où il a ses habitudes, s'adresse à son voisin de table, se décide à aller boire un coup au bistrot, retourne dans la brasserie du bourg, invite une serveuse à partager son repas. Celle-ci accepte et va s'asseoir à une table située derrière la sienne. Un type démuni lui demande quelques sous il les donne et lui caresse le visage en l'appelant "frère"
Plutôt que de se laisser noyer dans son naufrage domestique, notre quidam tend l'oreille, observe ceux qu'il croise, laisse émerger des images de son passé. Il sait que sa vie a basculé, que ce basculement est sans retour. Passé et présent peu à peu se juxtaposent. Il est en proie à la mélancolie, mais une mélancolie retenue. Ce qui a pour effet que son charivari intérieur, les mots qu'il s'adresse ou qu'il adresse à d'autres peuvent sembler familiers à chacun d'entre nous.
Le bel écrin qu'est la bande son créée par Pipo Gomes rend particulièrement attachante cette errance dans une ville de province dénuée de pittoresque et dans les méandres de la mémoire.
Jusqu'au 31août Lucernaire 21h tel 01 45 44 57 34
vendredi 28 juin 2013
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1 commentaire:
Le bon titre c'est COCO PERDU
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