samedi 26 novembre 2011

Sodome, ma douce de Laurent Gaudé

Une femme nue est assise dans la pénombre. On pourrait dire dans la fosse aux lions. Tant Stanislas Nordey, son metteur en scène, l'a mise en danger. Elle incarne l'unique rescapée de Sodome, ville à laquelle le pire est advenu. Dans sa bouche les mots se pressent pour décrire de quelle perverse façon la population de cette cité réputée pour son goût de la fête et de la luxure fut décimée.

Hanté par le souvenir des déflagrations (guerres, génocides, épidémies)qui ont changé le cours de l'Histoire, Laurent Gaudé use - là où les envolées lyriques étaient tentantes - d'un style sobre, d'une langue imagée. Et le récit, que poursuit la jeune femme, incarnée avec une énergie confondante par Valéry Lang, n'en devient que plus intense.

Bras levés elle se remémore les multiples événements qui ont précédés l'arrivée d'un émissaire ennemi tout doux, tout miel reçu avec faste et qui ne fit pas prier pour fricoter avec les femmes et les hommes qui s'offraient à lui. A sa suite surgirent des armées de soldats fous de leur dieu et exercés à l'insensibilité. Et la narratrice d'être transformée en statue de sel.

Il est bien accablant qu'il faille, en ces prudes temps présents en passer par l'Ancien Testament pour exalter, à travers la peinture d'une société où il fait bon vivre, la force salvatrice du désir. Difficile aussi en écoutant ce texte interprété avec un mélange de douleur et de fureur imprécatrice de ne pas songer à l'épidémie de sida qui a transformé nos modes de vies, les a rendus infiniment plus étriqués

Si ce spectacle suscite une réserve, elle concerne la fin qui toilettée serait plus décapante. Puissance de vie intacte, la conteuse repart en chasse.

Jusqu'au 3 décembre Théâtre Ouvert tel 01 42 55 74 40

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