lundi 14 novembre 2011

Festival Mettre en scène à Rennes

Place aux jeunes! Alors que leurs aînés sont à la peine plusieurs chorégraphes et metteurs en scène dont les noms sont encore peu connus triomphent lors de cette 15e édition du festival initiée par François Le Pillouér, capitaine assuré de Théâtre National de Bretagne.

Zombie Aporia du chorégraphe Daniel Linehan, 29 ans en paraissant 15, qui se fit remarquer en 2008 lors de la même manifestation avec Not about everything, où il renouait avec la tradition ancestrale des Derviches Tourneurs, s'est aujourd'hui entouré de deux partenaires qui ont l'âge de tous les possibles. Le trio enchaîne huit séquences chantées à capella et dansées. La jeune fille du groupe est si talentueuse que ressurgit en l'écoutant la phrase que répétait Jeanne Moreau dans "Le tourbillon ":"elle chantât d'une voix qui si tôt m'enjôla" A la fois touchant et ludique, ce spectacle demande de ses interprètes une si considérable énergie qu'il ne peut être conçu que par des minots...

Lazare dont on parle abondamment est, lui, un drôle de pistolet. Avec "Au pied du mur sans porte" il plonge en eaux autobiographiques. l y raconte par bribes son histoire de fils d'émigrés qui après avoir été considéré comme débile connut une existence de cancre puis de délinquant, qu'il fut mis à la porte du domicile maternel, dormit dans une cave glaciale et fit des rencontres qui le sortirent de la mouise et de l'illettrisme. irrigué par une foi inouïe dans le pouvoir de la scène, son spectacle aux bouts de chandelles, soutenu par une musique de toute beauté jouée in live, évite soigneusement les clichés sur la banlieue et est parsemé de mots d'enfants tel que "ailleurs, c'est loin" Son seul, défaut mais d'importance, est d'être trop long. S'il accepte qu'une personne avisée lui propose quelques coupes, il apparaîtra comme l'un des plus sûrs espoirs de demain.

Fidèle à ceux qu'il contribua largement à faire connaître, Le Pillouér a aussi programmé François Tanguy qui dans "Onzième" n'arrive pas à retrouver l'inspiration qui nous l'avait tant fait aimer. Avec ses personnages au débit ininterrompu, ce spectacle qui fait de trop multiples références à Cantor, nous égare dans les méandres de récits inspirés par les écrits si foisonnants mais jamais anecdotiques de Dostoïevski.Pour les besoins de Courts-circuits François Verret utilise, comme Tanguy,de multiples écrans et quantité d'idiomes. Ce qui ne donne pas à sa création, pourtant ponctuée de quelques moments de flamboyance,les sensations intenses de plaisir auquel il avait habitué son public.

On ne parlera pas de Swinning Poules et Flying Cocqs de Philippe Decouflé qui a le culot de citer ces génies d'élégances que furent Pina Bausch et Busby Berkley mais réalise un show qu'on aurait vu sans surprise sur TF1. On dira, en revanche deux mots sur Sul Concetto di volto nel Figlio di Dio de Romeo Castellucci qui continue à provoquer l'ire des fondamentalistes chrétiens. Lesquels sont non seulement d'une inacceptable intolérance mais aussi d'une ignorance crasse. Le visage du Christ apparaît, selon les éclairages, anéanti ou serein devant les épreuves que traversent les humains ou l'agressivité que déploient les plus jeunes d'entre eux.

Jusqu'au 19 novembre tel 02 99 31 12 31

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