mardi 7 décembre 2010

Un fil à la patte de Georges Feydeau

Congédié autrefois de la Comédie Française alors qu'il faisait partie de la troupe, Jérôme Deschamps y revient dans l'habit d'un metteur en scène au talent bien trempé. Il a choisi pour l'occasion Un fil à la patte de Feydeau dont l'efficacité comique n'est plus à prouver. Bois d'Enghien, dont le nom en jette mais qui n'a pas un traitre sou, a pour maîtresse Lucette Gautier, chanteuse de cabaret dont le plus qu'agréable physique rend fou d'amour un général hispanique qui la couvre de bijoux et cherche querelle à tous ceux dont il la croit éprise.

Bois d'Enghien est sur le point de signer un contrat de mariage avec la fille d'une richissime baronne. Mais comment y arriver avec ce fil à la patte qu'est la belle Lucette qui lui voue une passion indéfectible? Le malheureux ne tarde pas à être la proie de ses propres machinations. Le voilà empêtré dans des embrouilles sans issue desquelles - et c'est là le génie de Feydeau - il parvient, en usant d'arguments alambiqués à l'extrême, à se dépatouiller. Il n'était pourtant pas à la noce le soir où, alors qu' il devait apposer sa signature sur le fameux contrat, il voit arriver, pour rendre le moment festif, son amante avec laquelle il n'avait pas eu le courage de rompre.

Comme toutes les pièces de cet auteur qui possède le don du mot foudroyant, celle-ci -l'une de ses meilleures - plonge les personnages dans un écheveau d'imbroglio. Il faut ajouter que ces personnages ( un clerc de notaire qui est aussi un calamiteux compositeur, une fille à marier qui voudrait échapper à la tranquillité mortifère de son milieu et n'aime que les viveurs, sa mère, une baronne qui croit vivre sous l'ancien régime, une gouvernante anglaise véritable remède contre l'amour, un gros gaffeur dont l'odeur indispose tout ceux à qui il veut manifester son amitié, la soeur de Lucette, vieille fille qui se targue d'être encore vierge...) sont tous succulents.

Il faudrait citer tous les comédiens de ce spectacle au rythme endiablé tant il assène la preuve que la Comédie française est restée un chaudron de talents. Si Christian Hecq qui incarne avec des contorsions du corps dont il est seul capable Bouzin, rôle immortalisé par Robert Hirsch dans la mise en scène "historique de Jacques Charon, Hervé Pierre fait un Bois d'Enghien d'exception tandis que Florence Viala étincelle dans le rôle de Lucette, que Dominique Constanza donne une fois de plus la preuve de l'immensité de son art, que Thierry Hancise fait du général une figure du plus haut comique et que Serge Bagdassarian joue les gros empoté avec une contagieuse délectation. Pas étonnant que le spectacle ait été ovationné.


En alternance jusuqu'au 18 Juin Comédie Française Salle Richelieu tel 08 25 10 16 80

2 commentaires:

femmes russes a dit…

Des informations intéressantes. Merci.

Minyu a dit…

Puisque vous mentionnez la mise en scène de Jacques Charon, vous vous êtes sûrement rendu compte que celle de Deschamps est une copie presque identique... Cela dit je préfère cette dernière parce que beaucoup plus drôle (Thierry Hancisse est à mourir de rire, tout comme Guillaume Gallienne ou Georgia Scalliet). En ce qui concerne Bouzin par contre, je préfère celui de Robert Hirsch, car Hecq joue en égoïste, tout seul. En outre son jeu ne relève pas du théâtre, c'est du cirque qu'il nous fait ! (Pour les prouesses physiques en revanche je lui tire mon chapeau)