jeudi 3 juin 2010

Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé

Benjamin Lazar n'en est pas à son premier coup de maître. Sa figure tutélaire est Eugène Green, professeur et cinéaste d'origine américaine, fin connaisseur de la langue française et de la gestuelle baroque. Lazar a notamment monté avec succès une pièce de l'écrivain Cyrano de Bergerac et Comment Wang-Fö fut sauvé de Marguerite Yourcenar. Il a cette fois porté son choix sur cet écrit à ma connaissance rarement vu sur un plateau que sont Les amours tragiques de Pyrame et Thysbé de Théophile de Viau (1590 -1626)


Comme toutes les pièces de la première moitié du "Grand siècle" celle-ci est peu connue sauf par l'utilisation parodique qu'en a fait Shakespeare à la fin du Songe d'une nuit d'été. Il utilisera aussi son thème central -deux adolescent s'éprennent l'un de l'autre malgré la haine que se portent leurs familles - dans Roméo et Juliette. La situation ici se complique du fait que le Roi s'est lui aussi toqué de la jeune fille.Ce qui permet à l'auteur de mettre en lumière les traîtres méandres du pouvoir politique

La délicatesse des éclairages à la bougie qui a la vertu de rehausser le caractère intimiste de ce drame galant et la beauté sans pareille des costumes d'Alain Blanchot contribuent largement à ce que ce spectacle se démarque des productions courantes.
Lorsqu'à tour de rôle Pyrame puis Thisbé (qui a découvert celui dont elle partage la passion sans vie) mettent fin à leur jeunes jours, nous revient en mémoire la phrase du psychanalyste François Perrier "L'amour c'est laisser vivre l'enfant qu'on a en soi"

Il serait injuste de ne pas ajouter que la qualité de la représentation doit énormément aux interprétations de Benjamin Lazar,de Louise Moaty et de leurs partenaires qui pour notre plus grand plaisir roulent les r et prononcent les s finaux comme cela se faisait lorsque fut conçue l'oeuvre.

Jusqu'au 12 juin Athénée - Louis Jouvet tel O1 53 05 19 19

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