mardi 9 décembre 2008

L'illusion comique

Pierre Romans, Giorgio Strehler, Eric Vigner et bien d'autres se sont essayer à démêler les fils de l'intrigue de L'illusion comique de Corneille. Beaucoup s'y sont cassés les dents. On n'en dira pas autant de Galin Stoev, jeune metteur en scène bulgare établi en Belgique et devenu un familier de la Comédie Française.  Même si le spectacle accuse quelques baises de rythme, que les costumes contemporains conviennent mal à cette pièce d'un temps où le tee shirt n'avait pas encore la cote et que le décor, comme toujours chez Stoev, privilégie les jeux de miroirs et les cages de verre qui doit lui rappeler l'époque où son pays natal apparaissait aux yeux de ses habitants comme une prison, la représentation a une sacrée gueule. Grâce surtout à ses interprètes.  Artiste de premier rang, Denis Podalydès fait de Matamore un lutin irrésistiblement vaniteux, Alain Lenglet compose avec sa sobriété coutumière un père psycho-rigide persuadé que son fils mène une vie déréglée, Hervé Pierre compose un magicien d'une complexité chatoyante. Quand aux jeunes Loïc Corbery et Judith Chemla ils rappellent qu'il suffit de tomber amoureux pour perdre la maîtrise de la situation.  On connaît le faste verbal de celui qu'on surnomma le vieux Corneille. Il use ici pour parler de la sensibilité qu'il prête aux femmes et de la mentalité des hommes de phrases d'une splendeur incongrue que les tourtereaux engagés dans un véritable duel verbal s'échangent avec délectation. Mais L'illusion comique est avant tout une ode au jeu théâtral. Si, en dépit de circonstances adverses, l'amour n'est ici que merveille, c'est parce qu'il est simulé, non vécu.(Comédie Française en alternance jusqu'au 21 juin 2009)

1 commentaire:

Eve a dit…

Quelle belle critique qui nous donne envie de voir cet Hamlet, celui de Chéreau restant pour moi inoubliable - et celui de Peter Brook aux Bouffes du Nord, très beau aussi. Donc j'attends avec impatience que Paris le programme !

Merci Joshka de continuer à nous tenir en haleine, à insuffler du désir de scène, à faire circuler de la vie.
Amitiés,
Eve