lundi 15 décembre 2008

cinéma : Mascarades de Lyes Salem

Les films un tantinet singuliers sont devenus une denrée si rare que lorsque l'un d'entre eux trouve une sortie on est titillé par l'envie de le défendre. Cette saison seuls se sont détachés du lot de médiocrités dont on nous abreuve Two lovers de James Gray, Home de de Ursula Meier, Hunger de Steve McQueen et Quatre nuits avec Anna de Jerzy Skolimowski, authentique merveille dont le passage en salles fut si furtif qu'il passa inaperçu du public. Pour le reste walloo, qui peut se traduire par rien ou que dalle. Cette semaine sort heureusement Mascarades de Lyes Salem qui dépeint sur le mode ludique la vie d'une famille sans le sou d'une bourgade algérienne.

Marié à une femme accueillante et perspicace et père d'un garçon d'environ dix ans, Mounir (qu'incarne avec juste ce qu'il faut d'humour le cinéaste par ailleurs comédien issu du Conservatoire de Paris) a la malchance d'avoir une soeur jolie comme un coeur qui à tous instants sombre dans le sommeil. Ce qui lui vaut dans le village à l'atmosphère étouffante et bouffonne, où fusent quolibets et médisances, la réputation d'être folle. Ce qui n'empêche pas la jeune fille d'avoir un soupirant en la personne du seul ami de son frère hélas, fauché comme les blés. Les deux jeunes gens ont l'art lorsqu'ils se chuchotent leur amour de faire chanter les mots.

Mounir rêve pour sa frangine d'un parti plus prestigieux et annonce sur la place centrale du village lors d'une nuit où il a bu plus que de raison qu'un riche étranger à jeté son dévolu sur sa gracieuse parente. C'est évidement pure invention que la jeune fille, qui confond ses rêves et la réalité, va confirmer. Du coup Mounir jusque là méprisé par une raclure mieux nantie que lui va faire figure de héros et être l'objet de toutes les attentions et en particulier de celles du richard corrompu jusqu'à l'os. Ce qui n'est pas pour déplaire au frimeur qui sommeille en lui.

Lyes Salem, qui se sent à l'évidence proche de ce petit monde, a un sens du trait qui fait songer à la férocité mêlée de tendresse avec laquelle les maîtres de la comédie italienne (Risi, Comencini, Scolla....) décrivaient dans les années 70 les préjugés, petitesses et accès de vanités de leurs compatriotes. On songe également à Goldoni qui avait le chic pour décrire en les raillant des petites communautés d'individus.

Lyes Salem a réalisé avec Mascarades un premier long métrage qui, pétri d'humanité et d'effronterie, défie toute classification.

1 commentaire:

Thierry a dit…

Je suis alle voir Two lovers, mais n'ai pas ete convaincu. Si au plan cinematographique (cadres, rythme, ambiance-decors etc) le film est reussi, en revanche les personnages me sont apparus stereotypes. L'intrigue franchement attendue n'est sauvee que par le cynisme de la chute.
Amitie
Thierry