lundi 7 septembre 2020
Un premier festival au Garage théâtre à Cosne sur Loire
En ces temps de pandémie l'ouverture d'un lieu de création fait chaud au coeur. C'est Jean-Paul Wenzel à la fois auteur dramatique, metteur en scène, comédien et durant de nombreuses années à la tête du théâtre de Montluçon qui, fidèle à ses engagements aristiques et sociaux, s'est lancé dans l'aventure. Il a pour ce faire acquis et transformé un ancien garage. Désireux d'inaugurer le lieu de façon festive il a,avec l'appui d'une poignée de fidèles, mis sur pied un festival qui du 31 août au 6 septembre a attiré un public nombreux et enchanté.C'est, il est vrai, à un véritable festin qu'il a été convié. Au menu la lecture par Lou Wenzel et Nina Le Poder de "Fleur de pissenlit"de Wolfgang Borcher (dont Lou Wenzel monta admirablement il y a 2 ans la pièce Derrière la porte) Autre moment fort "Tout un homme" qu'a écrit et mis en espace le nouvel occupant des lieux. S'appuyant sur les témoignages des descendants d'immigrés maghrebins venus trimer dans les mines lorraines il retrace le parcours de l'un d'entre eux. Le joueur d'oud Hassan Abd Alrhaman accompagne tout du long ce récit de la vie d'un homme qui se retrouva fréquemment à bout de ressources et apprit sur son menaçant lieu de travail le sens du mot solidarité. L'agilité de jeu de Hovnatan Avedekian, Mounir Margoun et Lorène Menguelti leur a valu une ovation. Des applaudissements aussi nourris ont salué l'interprétation de Denis Lavant qui a porté son choix sur "La grande vie" un texte du peu connu mais recommandable Jean-Pierre Martinet. L'acteur se glisse dans la peau d'un homme au physique dit-il d'avorton qui a l'habitude de ployer l'échine. Il se laissera littéralement engloutir par une géante qui en a fait son objet sexuel. Véritable star underground tenté par les textes qui accède au coeur de l'être, il ne cesse de se surpassé. Martine Bertrand décroche elle aussi la timbale en incarnant "Oma". Réfugiée dans une roulotte cette femme sans âge est hélée par une jeunesse (Lou Wenzel) qui semble aux cent coups. C'est qu'elle est venue voir celle qui lui a donné le jour. Mais Oma qui a eu des enfants en pagaille refuse de se tourner vers son passé. Poussée à bout elle finit par l'évoquer. Avec colère. Comme on lance des imprécations. Si ce n'est un homme qu'elle a suivi en Espagne quand la guerre y faisait rage, elle n'a aimé aucun de ceux qui lui ont fait, le plus souvent à son corps defendant, des marmots.Et Oma qui rejetta sa progéniture d'apparaître comme le double inversé de la "Mère courage" de Brecht. Le ton bourru, l'aspect terrien la comédienne sert on ne peut mieux la puissante écriture d'Arlette Namiand. S'accompagnant à la guitare Gérard Morel a, quant à lui, avec des chansons de sa composition apporté le sourire. C'est qu'il a l'art de jongler avec les mots, de mitonner des phrases d'un charme qui rappelle Bobby Lapointe. Avec des artistes de sa trempe on a la quasi certitude que la chanson de textes a de beaux jours devant elle.
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