samedi 14 décembre 2019
Une femme se déplace. de David Lescot
Assurément le plus prolifique des auteurs et metteurs en scènes de théâtre français et ennemi déclaré du divertissement bourgeois, David Lescot ne cesse d'élargir son registre. Il a, cette fois échafauder une comédie musicale crépitante d'inventions. Le spectacle regorge d'emblée de surprenantes trouvailles. Telle celle de l'ouverture où Georgia (la sublime comédienne-chanteuse Ludmilla Dabo), déjeune avec une amie dans un restaurant à concept. Ce qui signifie que la nourriture y est insipide mais vantée par des serveurs qui se déplacent en chaloupant. Une fois que Georgia, prof de littérature à l'université, mariée à un homme tout ce qu'il y a d'enviable, mère de deux enfants aura dit sa conviction d'être née sous une bonne étoile, le ciel lui tombe sur la tête. Une série de coups de téléphone l'avertissent de catastrophes de plus en plus insoutenables. Perdant les pédales, elle branche son téléphone sur le brusimateur de table et se retrouve voguant dans le temps. Elle se retrouve ensuite dans le restaurant du début et est abordée par une femme qui soutient avoir eu une expérience semblable à la sienne. Georgia accepte de retenter l'expérience et découvre des moments de sa vie qu'elle ne soupçonnait pas. Pour la plupart plus hasardeux que ceux qu'elle a vécu. L'écriture tourbillonnante de David Lescot entraîne le spectateur dans des situations d'une totale incongruité. C'est ainsi que la fille, encore gamine, de Georgia surgit recouverte de pied en cap d'un voile noir. Ce retour de la religion dans une époque qui en est menacée en dit long sur les temps de confusion dans lesquels on baigne; Mais l'auteur se délecte à opérer des glissements. A des scènes glaçantes succèdent des danses échevelées et des chants où à travers des gospels et des morceaux de jazz, nous entraînant dans son sillage Georgia retrouve son tonus. Ce qui lui apparaissait comme d'irrémédiables désastres deviennent des incident sans grande importance. Menée avec un enthousiasme communicatif, la troupe mérite un coup de chapeau collectif. David Lescot a aussi repris "Portrait de Ludmila en Nina Simone" avec lequel il rencontra la saison dernière un beau succès. Née dans une famille dans le besoin de Caroline du Nord, la chanteuse à l'abatage vocal éblouissant devint, bien que noire, une star. Plus tard elle fut une figure de la lutte des droits civique. David Lescot s'entretient avec Ludmila Dabo qui constate, sans qu'on s'en étonne, que le racisme est inéluctablement renaissant. Peu à peu nous avons à travers elle le sentiment que c'est Nina Simone qui s'exprime. Jusqu'au 21 décembre Théâtre de la Ville - Les Abbesses tél 01 42 74 22 77
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire