vendredi 15 mars 2019
La chauve -souris de Johann Strauss
Pour ses débuts dans la mise en scène d'opérette Célie Pauthe ne s'est pas rendue la tâche facile. Hitler n'ignorait évidement pas que Johann Strauss avait des origines juives. Appréciant la gaieté acidulée de ses opérette, il lui offrit un certificat d'aryanisation. Ses oeuvres ne furent de ce fait jamais interdites. Brillamment mis en scène, le début du spectacle est, avec sa foison de quiproquos et ses danses tourbillonnantes, d'une folle allégresse. Les inflexions harmonieuses des voix des chanteurs-acteurs ajoutent à notre plaisir. Mais la maîtresse d'oeuvre a tenu à ce que le regard rapidement se décille. Les interprètes incarnent les artistes juifs qui furent déportés au camps de Térézin. Ils y jouèrent plusieurs spectacles. La chauve -souris y fut montée en 1944, pour abuser les représentants de la croix rouge à qui les nazis, experts en manipulation, firent croire que ceux qui vivaient dans cette ancienne forteresse y menaient joyeuse vie. Kurt Gernon, cinéaste de grand talent se prêta au jeu. Il filma les "habitants" de Terezin vivant dans des conditions idylliques. Le film terminé et les membres de l'organisation humanitaire partis, il fut comme la majorité de ceux qu'il avait montré profitant d'excellentes conditions de vie, envoyé dans les chambres à gaz d'Auschwitz. Le spectacle chatoyant était en fait une danse de spectres. Ce qu'un acteur à l'ouverture du 3e acte dit sur un ton inutilement larmoyant. C'est là la seule réserve qu'inspire cette représentation pour laquelle Anaïs Romand, plus habituée à mettre son remarquable métier au service du cinéma que de la scène, à conçue des costumes d'une exceptionnelle beauté.Jusqu'au 23 mars MC93 Bobigny tél 01 41 60 72 72 En collaboration avec l'Opéra national de Paris.
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