samedi 22 septembre 2018

Le procés d'après Franz Kafka

Une fois de plus le metteur en scène polonais Krystian Lupa tire d'une oeuvre littéraire particulièrement saillante un spectacle d'une amplitude considérable. La première partie de la représentation est fidèle au début du roman où Joseph K est arrêté par des hommes pour qui l'affaire semble entendue. Contrairement à l'inculpé qui ignore de quoi il est accusé. Chez Kafka les situations cauchemardesques sont monnaies courantes. Ce qui est aussi le cas dans La Pologne d'aujourd'hui dirigée par une clique notoirement réactionnaire, qui rétrécit les libertés, notamment celles des artistes. Krystian Lupa, que le pouvoir a dans le collimateur et tente de l'empêcher d'oeuvrer comme il l'entend, en sait quelque chose. Avant de clore le procès inique dont K est victime, Lupa insère une longue et grandiose scène sans lien avec le roman. Des proches de Kafka font le sien de procès. Parmi eux la plus véhémente est la berlinoise Félice Bauer avec qui l'écrivain pragois a entretenu une féconde correspondance mais rompit deux fois les fiançailles. Rendu amère par l'indécidabilité de celui qui écrivait lui vouer un amour infini son "ex promise" a des mots d'une dureté extrême. C'est dans cette partie centrale du spectacle que se déploie avec le plus de force les talents de metteur en scène, de scénographe et de créateur de lumières de Krystian Lupa.Il faut ajouter que son utilisation presque constante de la vidéo (devenue si souvent un cache misère) est d'une maîtrise et d'une invention exceptionnelles. Trop étiré, Le procés, n'est pas, quoi qu'on en dise, le spectacle le plus abouti du grand homme. Mais il recèle tant de richesses et est joué par des comédiens au talent si immense qu'il constitue un événement. Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris Jusqu'au 30 septembre Odéon Théâtre de l'Europe tél 01 44 85 40 40

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