jeudi 5 avril 2018
La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel
En adaptant pour la scène un texte de Philippe Claudel, Guy Cassiers se montre, une fois de plus, à la hauteur de sa prodigieuse réputation. Il a eu la bonne intuition de demander à Jérôme Kircher qui - depuis qu'il a laissé au vestiaire quelques insistants effets vocaux - est à juste titre considéré comme l'un des comédiens les plus doués de sa génération, d'interprété Monsieur Linh. Celui-ci est un réfugié vieillissant d'un pays en guerre où les siens ont tous perdus la vie. Il a recueilli une toute petite fille sur laquelle il veille avec adoration. Dans le pays de l'exil il vit, avec d'autres rescapés de mondes qui ont été disloqués, dans un foyer où tous l'ignorent. Son sentiment de n'être plus cher à personne (sauf au nourrisson qu'il a pris sous son aile) s'éloigne lorsqu'il rencontre sur un banc Monsieur Bark, un veuf qui bien qu'il sache que Monsieur Linh ne comprend pas un traitre mot de sa langue, parle d'abondance. Le solo harmonieux auquel on assistait jusqu'alors est transformé par la présence sur une vidéo d'un hologramme. On sait Guy Cassiers féru de technologies de pointe. Le recours qu'il fait ici de la vidéo est d'une ingéniosité et d'une beauté sans pareilles. Lorsque pour soi disant améliorer son sort Monsieur Linh et l'enfant sont conduit dans une sorte de foyer pour vieillards, il refuse de se laisser encagé. Il ne songe plus qu'à rejoindre l'homme avec lequel il a noué une si étrange et profonde amitié. En cours de route le vieil homme se prend à rêver. Et le metteur en scène de réaliser le prodige de nous plonger à l'intérieur du songe. En faisant ressentir la perplexité puis les élans d'un homme contraint de fuir son pays, Guy Cassiers nous offre un spectacle d'une amplitude poétique rarement égalée. Jusqu'au 7 avril MC93 Bobigny tél O1 41 60 72 72 - du 10 au 14 avril à La Rose des vents, Villeneuve d'Ascq
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