jeudi 21 septembre 2017

Haute surveillance de Jean Genet

Cédric Gourmelon avait monté cette pièce emblématique de Jean Genet il y a vingt ans. Ce fut un émerveillement qui se reproduit aujourd'hui dans la mise en scène qu'il réalise dans le cadre de la Comédie- Française. L'auteur, qui connut l'enfer des bagnes pour enfants, savait d'expérience combien il importe à ceux qui sont enfermés de trouver le moyen d'enchanter leur séjour. Dans son théâtre comme dans ses romans Genet éleva la voyouterie au niveau de la mythologie. Ici ils sont trois dont l'un, Yeux verts, est condamné à mort. Ce qui lui confère aux yeux de ses co-détenus un violent attrait. L'un, Maurice ne cache pas la passion qu'il lui voue. L'autre, Lefranc, seul lettré du trio, écrit les lettres qu'il envoie à sa femme. Entre ces deux hommes la jalousie gagne constamment du terrain. Lorsque leurs regards s'éprouvent le plateau ressemble à une arène. Yeux verts qui, lui, s'exprime le plus souvent à travers des monologues, affirme qu'il est déjà mort. Il semble d'ailleurs, à certains instants désincarné. Comédiens au métier sûr, Sébastien Pouderoux, Jérémy Lopez, Christophe Montenez et Pierre Louis-Calixte (qui campe le surveillant, le gaffe comme ils disent) manient à merveille la langue en fusion de Genet. Les somptueuses lumières d'Arnaud Lavisse achèvent de rendre ce spectacle, osons le mot, ensorcelant. Jusqu'au 29 octobre Studio - Théâtre de la Comédie-Française tél O1 44 58 15 15

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