lundi 12 septembre 2016
2666 d'après Robeto Bolano
Après s'être avec succès attaqué aux Particules élémentaires de Michel Houllebecq, le jeune metteur en scène Julien Gosselin se mesure à 2666, roman fleuve et inachevé de Roberto Bolano (1953-2003), auteur chilien exilé à Barcelone après l'avoir été au Mexique. De cette oeuvre profuse le téméraire homme de théâtre a tiré un spectacle de 12 heures dont trois d'entracte. La première partie dépeint la rencontre de quatre universitaires qui partagent la même passion pour Benno de Archimboldi, un écrivain allemand que personne ne semble avoir rencontré et dont ils vont tenter de retrouver la trace. Ce qui va les entraîner au loin. Des nappes de musique jouée à plein volume rendent ce début narratif parfois difficile à saisir. Comme l'oeuvre littéraire le spectacle est ensuite construit par fragments. Beaucoup d'une prodigieuse intensité. On peut toutefois regretter l'utilisation abusive de la vidéo. L'imaginaire débridé de l'écrivain n'avait nul besoin qu'on en rajoute avec un si grand nombre de séquences filmées. D'autant que le jeu des comédiens est on ne peut plus probant et que la déferlante d'images les font souvent passer au second plan. Entrelaçant des événements fictifs à d'autres qui eurent lieu dans l'Allemagne de la seconde guerre mondiale et dans le Mexique d'aujourd'hui le récit dépeint à sa façon sinueuse un monde livré à la violence. C'est ainsi que dans la quatrième partie sont projetés des textes qui décrivent le martyre subi par des jeunes femmes et des petites filles à Santa Téresa, bourgade miséreuse du nord du Mexique.Soupçonné de ces assassinats un parent de Benno de Archimbaldo croupit dans la prison de cette localité. Après avoir constamment bifurqué le récit trouve sa cohérence dans la dernière partie de la représentation dont le classicisme fait merveille. Il est notamment un moment qui restera ancré dans les mémoire. Un fonctionnaire nazi détaille longuement en allemand le travail que, obéissant aux ordres et sans l'ombre d'un remords, il exécuta. Un dernier mot pour dire combien donne de l'ampleur au spectacle la scénographie signée Hubert Colas.
Jusqu'au 16 octobre Odéon- Ateliers Berthier - 17e tél 01 44 85 40 40 Du 26 novembre au 8 décembre Théâtre national de Toulouse.
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