Louise de Vilmorin fréquenta tout au long de son existence le clergé intellectuel de son temps. Dès l'ouverture du spectacle- où Coralie Seyrig (double parfait du personnage qu'elle incarne) implore avec force mensonges l'aide de son frères et de ses amis - on apprend qu'outrageusement dépensière, elle ne vivait que des largesses de ses proches. Ceux-ci se nomment Cocteau, Jean Hugo, Antoine de Saint Exupéry, Gaston Gallimard, René Clair et André Malraux longtemps son cavalier pardon chevalier servant.
Si elle fut une épistolière à la langue ciselée, elle fut aussi l'auteur de plusieurs romans dont Julietta et Madame de... dont Max Ophuls tira un joyau cinématographique. Bien qu'elle les écrivit d'une plume fringante, elle n'avait que peu d'estime pour ses travaux de romancière. Seuls trouvaient grâce à ses yeux ses poèmes dont elle publia plusieurs recueils. Elle fut aussi une admiratrice passionnée des illustrateurs de son époque en tête desquels, pas si follingue qu'on pourrait le croire, elle place Balzac et Proust.
Sa lucidité on la retrouve lorsqu'elle évoque des épisodes intimes de son parcours. Elle aurait aimé, prétend elle, être fidèle mais se trouva toujours en butte aux reproches des hommes auxquels elle s'était attachée. Reproches qui lui étaient odieux. Elle ajoute, malicieuse, que ses passions ne survivaient pas longtemps à la vue des pores dilatés de la peau de ceux qui la veille encore l'avaient subjuguée
Toujours prompte à s'aventurer hors des sentiers balisés elle n'hésite pas à dire qu'il n'y a que les ecclésiastiques et les homosexuels à défendre l'institution du mariage. Une remarque qui trouve aujourd'hui un piquant écho. D'une sagesse plus grande qu'on pourrait se l'imaginer, elle ne s'afflige pas lorsqu'elle constate que l'offensive de l'âge l'a mise hors circuit. Coralie Seyrig prête à cette écrivaine un peu oubliée mais à l'intelligence déliée un charme infini. Avec la complicité experte d'Annick Le Goff elle a transformé un monologue d'un fol esprit en une représentation qui reçut à sa création, il y a quelques mois, des brassées de louanges. On se félicite qu'il soit à nouveau à l'affiche.
Du 4 juillet au 30 septembre Lucernaire tel 01 45 44 57 34
mardi 3 juillet 2012
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