Documentariste majeur, Frederick Wiseman s'en prend dans ses films à la société américaine si peu tendre aux impécunieux. Bizarrement lorsqu'il s'affronte à la scène - ce qu'il ne fait semble t'il qu'en France - c'est pour mettre en valeur un puissant monologue. Il fit ainsi jouer à Catherine Samie, dont on n'a plus à vanter le talent, "La dernière lettre", celle qu'envoya du ghetto avant d'être assassinée la mère de Vassili Grossman, l'écrivain de Vie et destin. C'est cette fois la poétesse Emilie Dickinson (1830 - 1886) - dont Nathalie Boutefeu se fait le porte voix toute en délicatesse - qui prend la parole. Le texte écrit par William Luce rassemble des fragment de son oeuvre, des lettres d'une pénétrante beauté qu'elle adressait à des personnes croisées ou admirées et des anecdotes recueillies par l'auteur de la pièce.
Soeur de sort de ces romancières d'un talent confondant que furent Flannery O Connor et Carson Mc Cullers, Emilie Dickinson, si elle ne fut pas comme elles d'une santé désastreuse, mena, elle aussi, une vie retranchée que sa fébrilité mentale rendit féconde.
Comme toute personne qui se complait dans la solitude - dans son cas entourée d'une parenté souvent toxique et d'un rigorisme religieux qu'elle ne partageait pas - elle était condamnée au souvenir. Consciente de la vanité de nos affairement, cette femme à qui l'amour charnel semble avoir été refusé, jouit aujourd'hui aux Etats Unis d'autant de ferveur que Rimbaud, Baudelaire ou Verlaine sous nos latitudes. Où l'on aimerait que cette représentation d'une belle tenue concourt à la faire mieux connaître.
Jusqu'au 7 juillet Lucernaire tel 01 45 44 57 34
vendredi 1 juin 2012
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