Un hôpital de jour où se retrouvent quatre schizophrènes. Leurs paroles ont été recueillies par une psychologue dans un carnet qu'a découvert le metteur en scène Jean-Christophe Dollé. Lequel a intitulé le spectacle qu'il en a tiré par le nom de deux médicaments donnés aux hommes et femmes qui se sentent aspirés par le néant.
Parfois en choeur, à d'autres moments seuls les fous, comme ils s'appellent eux mêmes, parlent d'abondance. L'un est en proie à des effusions mystiques, un autre n'arrête de se remémorer les trempes que lui filait une mère incapable de l'aimer, une troisième entend des voix... Tous parlent de la puissance de la pensée. Laquelle peut leur donner une perception du monde d'une stupéfiante acuité mais plus fréquemment, comme cette jeune femme qui "balance " ses médicaments, le sentiment de mener une vie de cadavre. Devant tous s'ouvrent des abîmes de vertige. Ce qui explique qu'ils aient si fréquemment des regards de personnes foudroyées.
Il importait, après les propos inqualifiables tenus par Sarkozy sur les schizophrènes dont il veut à tout prix donner une image criminogène, d'en montrer les vrais visages. Ce que réussissent admirablement les quatre comédiens dont les prestations sur le fil du rasoir nous étreignent d'autant plus le coeur que les souffrances qui habitent ces êtres désamarrés ne nous sont pas totalement étrangères. On pourrait pinailler, regretter que le metteur en scène fonce parfois vers le cliché, que les anecdotes que racontent les psychotiques sont parfois éculées. Mais ce serait faire un mauvais procès à un homme de spectacle qui non seulement a placé le sien à des hauteurs bigrement estimables et qui, surtout, rappelle que le fou occupe dans notre société la place du dernier des hommes.
Jusqu'au 14 avril Ciné 13 Théâtre tel 01 42 54 15 12
dimanche 1 avril 2012
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