samedi 14 mai 2011

On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset

Camille et Perdican sont cousins et promis depuis leur plus jeune âge l'un à l'autre. Leur parent, un marquis qui a payé leurs études et croit avoir autorité sur eux, se réjouit de les marier dès leur arrivée chez lui après dix ans passés dans des lieux où les enfants de haut lignage apprennent que leur appartenance sociale n'est pas du pipeau. Le bon tonton déchantera vite. Si Perdican ne vit que dans l'ivresse du souvenir, Camille lui bat froid.

Alfred de Musset possède non seulement une langue d'une beauté inaltérable, il connaît aussi comme sa poche les tours, détours et ambivalences du sentiment amoureux.Alors que Lorenzaccio, le personnage le plus célébré de cet écrivain d'un romantisme écorché camoufle sous des bouffonneries son attirance pour un duc sanguinaire, Camille éprouve, comme le montre une lettre qu'elle tente de lui faire parvenir, les sentiments les plus doux à l'égard de sa compagne de cellule dans le couvent où elle a été élevée et compte finir ses jours. Mais Perdican, qui a reçu comme un coup au plexus la révélation que son amour semble à sens unique, décide - afin de rendre jalouse celle qu'il considérait déjà comme sienne -de séduire Rosette, soeur de lait de Camille , une fille de la campagne évidement sans fortune.Si Musset sait pertinemment que l'amour n'est pas toujours tendre, il ne doute pas non plus que les sans fortune se font toujours avoir.

Mi -ange, mi-démon, Camille saura jouer de son ascendant sur son cousin. Alors qu'à son début la pièce est semée de pointes d'humour, son climat se fait de plus en plus cruel. Si la mise en scène d'Yves Beaunesne souvent picturale et de bout en bout d'une immense finesse et le décor spartiate contribuent pour une large part au succès de la représentation ce sont surtout les comédiens qui la rendent subjuguante. Roland Bertin, qui revient le temps d'un rôle au Français, prouve par son jeu d'une délectable extravagance combien il manque à la troupe. Quant à Marie-Julie Parmentier et à Suliane Brahim, elles ont toutes deux ce qu'on n'ose que du bout des lèvres appelé la grâce. Pour ce qui est de Loïc Corbery, son mélange de fraïcheur, de vibrations intérieures et de métier en font un artiste de tout premier plan.

Jusqu'au 26 juin Théâtre du Vieux-Colombier tel 01 44 39 87 19

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