vendredi 18 septembre 2009

Le cauchemar de Jean-Michel Rabeux

Metteur en scène résolument hors-chapelle, Jean-Michel Rabeux ne s'est jamais autant livré que dans cette pièce née, dit-il d'un cauchemar. Comme pour Sade la nature est pour lui indissociable d'un désir de destruction. Un juge qui, comme les sages orientaux sait que la réponse est dans la question, interroge une femme accusée de parricide, de matricide, d'inceste et peut être d'infanticide. La femme (Claude Degliame) répond de sa voix à la fois grave et pulpeuse des phrases qui laissent planer le doute. Mais soucieux de forer au plus profond, son interlocuteur ne lâche pas prise.
Ce sera ensuite avec sa fille (Vimala Pons, une découverte dont la beauté androgyne a une parenté avec celle de Claude Degliame) qu'il engage le fer. Ses souvenirs la traversent peu à peu comme un trait de feu.
Le metteur en scène nous plonge au coeur d'un procès qui évoque ceux des mythes antiques. Peut être, car il perdit sa mère alors qu'il avait cinq ans, sait-il aux tréfonds de lui-même ce qu'est la tragédie. Si le spectacle a des parfums chimériques c'est que pour s'accorder au réel il dût souvent laisser les rêves et l'imagination prendre le dessus.
La pièce rappelle que si nul n'est innocent (comment le serait-on alors que les débordements de nos corps nous font envisager les accouplements les plus baroques) nul non plus n'est coupable de ses pensées et de ses appétits.
Rabeux, une fois de plus ne fait pas dans la demi- mesure, c'est pourquoi sa présence dans le théâtre français devenu à l'image de la société, si pudique et bien pensant, est indispensable.
Jusqu'au 17 octobre Théâtre de la Bastille tel 01 43 57 42 14

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