mercredi 27 janvier 2010

La pierre

Après quarante ans d'absence et de socialisme une vieille femme, sa fille et sa petite file retrouvent la maison qu'ils ont quitté en 1953. La plus jeune s'y sent d'emblée mal, sa grand-mère se cache sous la table et apparaît au départ comme la folle du logis. Il n'en est rien. Les raisons de son comportement trouvent leur origine dans la présence d'un fantôme. Celui de Mizzy, la femme juive qui vécut avec son mari dans ces lieux. Ce couple dit le mythe familial,auquel la jeune fille croit dur comme fer, pu se sauver et gagner l'Amérique grâce à la générosité du grand père tué en 1945 par une balle russe.

Arrive une jeune femme qui vécut là elle aussi mais à l'époque où la maison se trouvait en RDA. A elle également fut conté un récit édifiant et caché la sordide réalité. Mais la présence d'une âme morte pollue l'air que respire ces représentantes de la nouvelle génération. La grand- mère (Edith Scob au sommet de son art) finira, après avoir soixante ans durant menti à ses descendantes, par se laisser prendre les pieds dans ses souvenirs. Une des forces de ce spectacle est que les hallucinations auxquelles l'aïeule est en proie se matérialisent sur le plateau.

Jeune auteur dramatique allemand, d'un talent comparable à ceux des français Bernard-Marie Koltès ou Jean-Luc Lagarce, Marius von Mayenburg n'hésite pas, comme le montre son théâtre, à mettre les mains dans le cambouis familial. Grâce à quoi les deux plus jeunes personnages échapperont aux troubles psychiques que provoquent les légendes dorées. Comme il appartient à la même génération née longtemps après la défaite du national socialisme et a de plus traduit Hamlet, il connaît l'usage qu'on peut faire, et sur scène et dans sa propre vie, des fantômes.


Sobel, on le sait, n'est pas la moitié d'un bon metteur en scène. Sa dernière création pour laquelle il fut remarquablement épaulé par le scénographe Lucio Fanti est une réussite majeure. Un mot enfin sur le titre. La pierre est évidement la clé de voûte de la maison autour de laquelle tourne la pièce mais aussi l'objet que les juifs posent sur les tombes afin que les morts sachent qu'on ne les oublie pas. L'auteur a par le biais de ce poème, comme l'appelle Sobel, posé une pierre pour que l'on se souvienne de tous ceux qui, comme les premiers propriétaires de l'édifice, disparurent dans les ténèbres de la déportation.

Jusqu'au 17 février La Colline tel 01 44 62 52 52

1 commentaire:

La punaise a dit…

`
`pfff,
bon je vais acheter des places.
La punaise