vendredi 17 juin 2016

Monsieur De Pourceaugnac de Molière

Monsieur De Pourceaugnac, un homme a l'allure débonnaire (Gilles Privat) arrive de son Limousin natal à Paris. Le moins qu'on puisse dire est que le chemin qu'il lui faudra emprunter pour faire connaissance avec sa promise sera singulièrement chahuté. C'est que la jeune fille a un amoureux et que celui-ci n'entend pas s'en séparer. Il s'est acoquiné avec quelques pétulantes canailles qui vont transformer la venue dans la capitale du naïf prétendant en enfer. Le meneur de ce jeu cruel est Sbrigani (Daniel San Pedro), dont la feinte bienveillance endormira, à chacune de ses mésaventures, la méfiance du malheureux Pourceaugnac. On retrouve dans cette comédie ballet de Molière (qui y travailla avec le compositeur Lully) les thèmes qui le hantait. Comme Georges Dandin, l'Oronte de Tartuffe, Le bourgeois gentilhomme ou Le malade imaginaire, De Pourceaugnac est une proie idéale pour les filous qui se disent médecins, avocats ou n'agir que par pure bonté d'âme. Les "héros de Molière" (excepté Le misanthrope qu'épargne sa sombre lucidité) finissent tous floués. Mais aucun ne l'est avec autant d'acharnement que le provincial dont sont ici conté les déboires. Clément Hervieu-léger a mis en scène, avec la complicité pour ce qui est de la direction et la conception musicale de William Christie, cette comédie noire avec une frénésie de tous les instants. De ce fait la lassitude parfois gagne. Mais elle est compensée par d'innombrables morceaux de bravoure. Le spectacle est d'ailleurs accueilli par une salve d'applaudissements. Jusqu'au 9 juillet Théâtre des Bouffes du Nord Tel 01 46 07 34 50

samedi 4 juin 2016

Les cuisinières de Carlo Goldoni

Chez Carlo Goldoni (1707-1793) les femmes ont immanquablement le beau rôle. Ce qui se vérifie dans "Les cuisinières" où les hommes jeunes avivent leur appétit et les vieillards leur amour du gain. Elles sont quatre bonnes à tout faire dans des maisons tenues par des gens fortunés. Le jour du carnaval, où tous portent un masque, leur donne l'occasion de se moquer, d'aguicher et parfois de se venger de leurs patrons. On retrouve dans cette pièce rarement jouée le talent de Goldoni à dépeindre des quartiers cancaniers où abondent les querelles attisées par représentantes fortes en gueules du dit beau sexe. En dépit d'une production un peu chiche, le metteur en scène Philippe Lagrue réussit à faire un spectacle d'excellente facture où l'on prend un vif plaisir à assister aux chassés croisés de personnages de condition sociale différente et à les entendre se moucher de cinglante façon. Un final particulièrement ingénieux où la troupe entière, qui ne compte pas moins de 12 comédiens au robuste métier, se trouvent réunis nous fait quitter la salle la mine réjouie. Jusqu'au 30 juin Artistic théâtre tél 01 43 56 38 32