samedi 16 janvier 2010

Entretien avec Elsa Lepoivre, sociétaire du Français

Qu'elle interprète dans Le mariage de Figaro une fière aristocrate qui forme avec son page un capiteux tandem, qu'on la retrouve dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce en prolétaire pleine de bon sens ou dans Loup d'après Marcel Aymé en petite fille s'ennuyant avec sa soeur dans une bicoque au bois dormant, Elsa Lepoivre fait manifestement partie de ces jeunes sociétaires grâce auxquels le prestige de la Comédie française reste inentamé. Avant de rejoindre la prestigieuse maison, cette comédienne, originaire d'un bourg près de Caen dont les parents étaient enseignants, voleta d'un théâtre à l'autre.


Sa rencontre la plus décisive fut à cette époque celle qu'elle fit avec Pierre Debauche qui lui offrit le rôle de Nina dans La mouette. Parmi les autres spectacles qui lui ont donné la passion de la scène, elle cite Peine d'amour perdu de Shakespeare qui marquèrent les débuts d'Emmanuel Demarcy- Mota, Les fausses confidences de Marivaux auxquelles s'affronta Alain Milianti et Portrait d'une femme de Vinaver qui le confia à Claude Yersin mais qui, pour des raisons mystérieuses ne voulut jamais qu'il soit représenté à Paris.


Un de ses souvenirs les plus vifs sont liés au Misanthrope que mit en scène Jacques Lassalle. "Nous avons fait avec ce spectacle une tournée inoubliable en Russie, en Italie et en Pologne. J'y avais notamment pour partenaire Andrzej Sewerin qui, le temps de jouer ce rôle, avait pris ses distances avec la Comédie française. C'est Jacques Lassalle qui me recommanda à Marcel Bozonnet, alors administrateur de la maison qui m'avait quelques années plus tôt offert le rôle d'Antigone." Le prochain spectacle dans lequel on la verra sera Les trois soeurs dont le maître d'oeuvre sera Alain Françon. Elle y incarnera Macha, un personnage dont rêve chaque actrice de théâtre. Elle aime, dit -elle, alterner grands et petits rôles, ce qui est généralement le cas lorsqu'on fait partie de cette troupe


Quand on lui demande sous la houlette de quel metteur en scène elle aimerait à présent travailler elle répond sans hésiter après avoir quand même citer cet incontestable génie qu'était Grüber : Bondy, Langhof et Sastre "dont je n'aime pas tous les spectacles mais suis charmée par certains". Pour ce qui est du cinéma elle n'a guère été choisie que par Paul Vecchiali pour son film A vot bon coeur. Ce qui est stupéfiant mais qu'elle attribue au fait qu'elle n'a pas d'agent. Ceux-ci, dit-elle, viennent rarement voir les spectacles du Français. "Ce qui ne m'empêche nullement pas d' aller le plus souvent possible dans les salles d'art et d'essai. J'ai découvert récemment Désir de Borzague et Les nuits blanches de Visconti. Le bonheur absolu. Quand on lui demande s'il est un autre métier qu'elle aurait aimer exercer elle répond que non, que même la mise en scène , pour l'instant du moins, ne l'attire pas. "Ce qui en revanche m'exalte sans doute autant que jouer c'est de diriger les acteurs,. Ce que j'ai fait avec Pierre Debauche qui m'avait demandé d'être son assistante."


Après la tempëte qui vient une fois de plus de secouer la maison de Molière avec le départ forcé de Catherine Hiégel, Isabelle Gardien, Pierre Vial et Michel Robin on est évidement tenté de lui demander si cette institution n'est pas un noeud de vipères. Elle répond qu'il s'agit plutôt d'une famille avec ses innombrables querelles attisées par le fait que ses membres ne pas issus de la même lignée. Elle insiste aussi sur le fait que contrairement à leurs aînés les jeunes acteurs se sentent proches des représentants des autres corps de métier. Lorsqu'on lui pose l'indiscrète question de savoir si elle compte faire dans la compagnie de vieux os, elle répond placidement qu'elle y restera jusqu'au jour où l'ennui pointera son vilain museau

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