mardi 19 janvier 2010

Boris Vian/ Juste le temps de vivre

Que la maison Gallimard soit ici remerciée. Si ce spectacle au vivifiant climat libertaire existe c'est un peu grâce à elle qui refusa de publier des romans de Boris Vian. Dépité celui-ci se lança dans l'écriture de textes courts et incisifs, souvent sulfureux, parfois imbibés de rêves de révolte. Des compositeurs de l'envergure de Marguerite Monnot, Henri Savador ou Jimmy Walter en firent des chansons. François Bourgeat et Jean-Louis Jacopin (qui assure aussi la mise en scène) ont conçu à partir de ces textes mis ou pas en musique un montage aussi ébouriffant que l'était l'esprit de cet auteur mort en 1959 à 39 ans.

Sur scène deux femmes (Gabrielle Godart et Susanne Schmidt ) et un homme (Arnaud Laurens), qui sont à la fois acteurs, chanteurs et jouent d'une foule d'instruments, font revivre l'univers de cet éternel jeune homme qui a la pub en grippe et s'en moque joyeusement, adore le jazz et le cinéma avec ses cow boy sans foi ni loi et ses acteurs mythiques que sont alors Gary Cooper, Martine Carol ou Fernandel. Peu enclin à souscrire à l'idéologie d'un Sarkozy qui un demi siècle plus tard proposera aux français de "travailler plus pour gagner plus" il a lui le culot de dire que l'opium du peuple est l'idée qu'on lui donne du travail...

Fait de bric et de broc, de malice et de talents, ce spectacle nous donne enfin l'occasion de réentendre ces merveilles que sont "Fais moi mal Johnny, J'suis snob, La java des bombes atomiques.." et d'en découvrir d'autres qui, bien que tout aussi réussies, n'ont pas eu la même fortune. Mais la meilleure idée des deux maîtres d'oeuvre est d'avoir parsemé d'extraits du quasi inconnu "Traité de civisme" ces retrouvailles avec un écrivain dont l'oeuvre placée sous le signe de l'hédonisme sexuel et du refus du consensus concerne autant notre époque que les rugueuses années cinquantes.
La représentation à laquelle nous avons assisté était dédiée à Ursula Kübler, seconde femme de Boris Vian, dont on venait d'apprendre la disparition.
Jusqu'au 28 février Lucernaire tel 01 45 44 57 34

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