Jean-Michel Rabeux est un metteur en scène qui ne se borne pas à renverser les conceptions scéniques traditionnelles mais a créé un style qui n'appartient qu'à lui. Ce style, il l'a, dans cette oeuvre nouvelle qui ne renie aucunement ses origines shakespearienne, superbement affiné. S'appuyant sur le Roméo et Juliette du grand homme et assurément sur ses propres émois de jeunesse il a façonné un texte qui se situe dans un temps non identifiable. Imprévisible alchimie entre le tragique, le burlesque et le musical, son spectacle fait voir et l'exacerbation des sentiments et le déchaînement hormonal d'une passion adolescente. Laquelle n'est contrariée que par les haines recuites dont se gobergent les adultes qui n'ont pas préservé leur part d'enfance.
Si on retrouve tout au long de la représentation la fougue sanglante de l'âge élisabéthain, une salutaire ironie est aussi constamment de la partie. Il est même des moments d'un comique irrésistible tels ceux où Frère Laurent (délicieux Marc Mérigot) se trompant de flacon met dans la main de l'impétueuse Juliette un poison foudroyant. Chez Rabeux, la nudité des corps rappelle à la fois la venue au monde et notre finitude. Dans une pièce dont les personnages principaux perdent la vie à peine celle-ci est elle ébauchée cette nudité s'imposait plus que jamais.
L'auteur - metteur en scène a réuni pour cette production d'une beauté convulsive de jeunes et moins jeunes comédiens et chanteurs qui tous entretiennent un lien à la musique. Si à l'issue de la représentation, qui se donne, c'est heureux, dans une jauge réduite, on se sent un moment délivré du malaise que produit notre régressive époque, Vilama Pons (Juliette), Sylvain Dieuaide (Roméo), Laure Wolf (Mercutio), Hubertus Biermann (Capulet) et leurs partenaires sont en droit de se dire qu'ils y sont pour quelque chose.
Jusqu'au 29 janvier MC 93 Bobigny tel 01 41 60 72 72
jeudi 17 janvier 2013
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