Plus qu'une épreuve c'est une torture qu'inflige Lucidor, jeune aristo très nanti à Angélique qui a son âge mais ne possède pas sa fortune. Comme souvent chez Marivaux le maître ordonne au serviteur de se substituer à lui afin d'éprouver les sentiments de celle avec laquelle il envisage de faire sa vie. Eprise de Lucidor, qu'elle a veillé alors qu'il était au plus mal, elle rejette vigoureusement le faux prétendant. Pas assuré encore de l'attachement d'Angélique, le garçon de ses pensées fait mine de vouloir l'unir à maître Blaise, un paysan hypersensible à l'attrait de l'argent.
Faire épouser à un subordonné la fille d'une classe inférieure avec laquelle un "fils de famille" a passé du bon temps était, sous l'Ancien Régime, une pratique courante. Qui a, à l'évidence, inspiré le canevas de cette pièce en un acte. Nostalgique des premières morsures de l'amour, Marivaux la baigne dans un climat pré-romantique. Metteur en scène et directeur d'acteurs aussi subtil qu'averti des avanies de l'existence, Clément Hervieu-Léger a ménagé un final qui prend à la gorge.
Si Audrey Bonnet et Loïc Corbery interprètent avec une grâce véhémente un couple d'amants en proie à des tourments, le reste de la distribution les égale. On retrouve notamment avec joie Nada Stancar qui donne au rôle de la mère d'Angélique, le plus souvent incarné comme une femme dure et qui ne songe qu'à amasser des ressources, une rayonnante humanité.
Jusqu'au 20 janvier TOP théâtre de l'ouest parisien tel 01 46 03 60 44
vendredi 11 janvier 2013
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