Zohar Wexler est un descendant d'une famille de Kichinev ,capitale de Bessarabie ( l'actuelle Moldavie) où en 1903 une émeute antisémite qui dura trois jours et deux nuits, tua une cinquantaines de membres de la communauté juive et en blessa plusieurs centaines d'autres. Les viols commis au cours de ce pogrom, tout au long duquel les autorités restèrent passives (ce qui laisse supposer qu'il fut orchestré en haut lieu), furent eux -aussi innombrables. Comme il est de coutumes les rouleaux profanés de la thora furent enterrés dans le cimetière de ceux contre lesquels se déchaîna le judéocide. Carnet de notes à la main, Zohar Wexler se rendit à Kichinev où si les mémoires sont paralysées, les traces du déchaînement des fauves à têtes d'hommes sont, à sa grande surprise, toujours visibles.
Alors qu'il extirpe des souvenirs de ce carnage des photos du Kichinev de l'époque et de la ville sous son aspect présent comme du Tel Aviv de 2010 sont projetés sur les murs. Après le récit qu'il fait lui-même de ces événements il passe la parole au poète Haïm Nahman Bialik. Envoyé d'Odessa pour recueillir les témoignages des survivants de cet embrasement des bonnes gens de Kichinev, il écrivit "Dans la ville du massacre" qui est, à l'exemple du Talmud, un long poème existentiel mais aussi antireligieux. S'il donne aux mots une incomparable portée dramatique, Il insiste sur le fait que si la présence divine rougit de honte et de douleur, elle n'en a pas moins abandonnée les victimes à leur sort. Cet homme qui s'installera quelques années plus tard en Palestine exhorte ses coreligionnaires à réagir. Il y réussit si bien qu'entre 1903 et 1920, un million d'entre eux quittèrent le pays
C'est en hébreux que celui qui devint plus tard une sorte de totem intouchable rédigea son incantation lyrique .Elle fut plus tard traduite en yiddish mais mécontent du résultat il revit lui-même la copie. La pesanteur tragique de ces événements, l'acteur-metteur en scène la ponctue de phrases en hébreux et cette langue qui apparaît parfois si âpre à cette fois des sons qui semblent surgir de l'âme. Ce qui n'est pas franchement étonnant puisque c'est dans cet idiome que Wexler a grandi. Un des rares moments où domine la douceur est celui où il entonne une chanson dans le language de son enfance.
Jusqu'au 21 mars Maison de la Poésie tel 01 44 54 53 00
lundi 1 mars 2010
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