Accueilli sans enthousiasme lors de sa présentation à Avignon, cette dernière création du Wajdi Mouawad a droit quelques mois plus tard à un concert d'éloges. C'est que l'auteur, qui dans ses pièces précédentes : Littoral, Incendies, Forêts et quelques autres, évoquaient des faits d'une horreur indicible qui s'étaient déroulés dans son Liban natal saccagé par les guerres, apparaît pour la première fois comme un refondateur de la grammaire théâtrale. Non seulement parce qu'avec l'appui de sa dramaturge, Charlotte Farcet, il a créé un espace scénique inédit mais aussi parce que sa quête ne le conduit plus vers le passé mais s'ancre dans un présent aussi périlleux que les époques où il menait des enquêtes aux conclusions désespérantes.
Cinq chercheurs au service de l'Etat sont enfermés dans un lieu clos. Munis des technologies les plus avancées ils écoutent , afin de prévenir les dangers qui guettent la planète, des conversations téléphoniques échangées aussi bien en polonais qu'en arabe, en japonais ou dans d'autres langues connues des seuls ressortissants des pays qui les utilisent. Ces cinq personnes (une femme et quatre hommes), dont l'une vient pour des raisons énigmatiques, de s'ôter la vie, cherchent la trace d'un groupe d'extrémistes, évidement soupçonnés d'être des adeptes de la charia, qui veulent mettre le monde à feu et à sang. Arrive, pour remplacer celui qui s'est suicidé, un de ses amis qui va tenter de découvrir pour quelle raison il en est arrivé à ce geste extrême.
Il professe une opinion radicalement différente de celle du responsable du groupe. D'abord silencieux, il se révèle un véritable athlète de la parole et en arrivera à convaincre plusieurs membres de l'équipe de la justesse de ses arguments qui au départ apparaissaient totalement farfelus. C'est que grâce à sa connaissance des ordinateurs mais aussi à la mentalité du disparu, il a trouvé une réponse qui tient autant de la poésie que des enjeux politiques. Son argumentation met les neurones des membres de l'équipe en ébullition.
Stanislas Nordey qui sait aussi bien semblé se laisser glisser dans l'absence qu'être embrassé par un courroux olympien est décidément un acteur de première force. Il ne fait pas de doute que l'amitié qu'il a noué depuis dix ans avec Wajdi Mouawad est pour beaucoup dans la passion qui l'anime dans ce spectacle, où les inventions acoustiques et les projections vidéos sont innombrables.
Jusqu'au 10 avril Théâtre de l'Odéon -Atelier Berthier tel 0 44 85 40 40
vendredi 12 mars 2010
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