Ecrit trois semaines après qu'il ait achevé Mademoiselle Julie (donné en alternance) Les créanciers était considéré par son auteur comme sa pièce la plus aboutie de la période où il enchainait les tragi-comédies. Il est exact qu'il y franchit un cap supplémentaire dans la peinture des liaisons tumultueuses. Sa conscience des rapports de force qui lient les couples n'a jamais été aussi acérée.
Le spectacle s'ouvre sur un scène insolite. Tout en poursuivant son oeuvre un artiste dévoile ses tourments amoureux à un ami. Celui-ci goûte manifestement la situation et prend plaisir à l'envenimer. Fin lettré il critique, avec des arguments souvent mesquins, le roman écrit par la compagne de son confident. Personnage privé de volonté, celui-ci gobe la moindre de ses fielleuses remarques. Les scènes suivantes seront celles des faces à faces de l'artiste et de sa maternante maîtresse puis de cette dernière avec l'homme qui -elle l'ignore - est venu semer la zizanie dans son couple. Le fin mot de l'affaire ne tardera pas à apparaître. Maître de la duplicité, l'ami a, on le comprend vite, travesti son identité. Wladimir Yordanof investit ce rôle avec une précision et une délectation confondantes. Clara Simpson joue sa partition avec un égal talent.
Bien que d'une sobriété exemplaire, la mise en scène de Christian Schiaretti aurait méritée d'être davantage fouillée. Ainsi l'apparition en majesté du personnage incarné par Clara Simpson évoque t'elle trop celle de Nada Stancar dans Père du même Strindberg qu'il monta il y a quelque trois ans. On peut de même regretter qu'il ne se soit pas donné le temps de permettre à Wladimir Yordanoff de montrer son personnage sous son jour plus vulgaire. Metteur en scène extrêmement doué Schiaretti multiplie, sans doute, trop les projets que pour les parfaire.
Jusqu'au 11 juin (en alternance avec Mademoiselle Julie) La Colline tel 01 44 62 52 52
samedi 14 mai 2011
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