Né de la rencontre entre deux artistes, Falk Richter qui a écrit la pièce et la met en scène avec Stanislas Nordey qui en est aussi un des interprètes, My secret garden s'est bâtie autour du journal de bord que l'écrivain tient depuis de nombreuses années tout en rédigeant ses pièces. Celle-ci démarre par l'arrivée intempestive d'un homme (Nordey comme toujours d'une présence forcenée) qui cherche un titre à sa dernière pièce.Chacun de ceux qu'il énonce est illustré par des récits dans lesquels il est question notamment de son ascendance fêlée, de l'Allemagne de la reconstruction qui n'a rien à envier à l'époque nazie puisque les fonctions prépondérantes sont occupées par d'anciens partisans du grand Reich. Ce que répétait sans relâche Fassbinder.
On retient surtout dans ce vertige de mots les portraits qu'il dessine de ses parents nazifiés jusqu'à la moelle donc incapable de tendresse. L'amour, si l'on peut appeler cela ainsi, de sa mère ne se manifeste que par son besoin impérieux de le toucher. "Ne me touche pas au dessous de la ceinture" lui répète t'il à l'âge de 16 ans. Le père, lui, est revenu au foyer en 1945 après avoir, avec les hordes sauvages dont il faisait partie , mis l'Europe à feu et à sang. Ces souvenirs persistants sont relayés plus tard par la peur de voir l'âge flétrir les corps et par la rage éprouvée par le spectacle du monde actuel livré au seul pouvoir de l'argent
Stanislas Nordey reçoit dès l'instant, où il n'évoque plus ses cicatrices intérieures et les putrides secrets familiaux, le renfort de deux partenaires : Anne Tismer, comédienne allemande d'un talent équivalent à celui d'Edith Clever et qui fut longtemps l' égérie de Thomas Ostermeyer et Laurent Sauvage qui n'a jamais été aussi inspiré que lorsque, imitant la Brigitte Bardot du Mépris de Godard, il demande à une partenaire invisible "comment sont mes mains, mes fesses, ma bite..."
La dernière partie de cette oeuvre d'urgence qui respire l'intelligence est une invitation à la résistance contre un système économique qui broie nos vies. Voilà un spectacle qui dans cette époque de vide de la pensée tombe on ne peut mieux.
Jusqu'au 18 décembre Théâtre des Quartiens d'Ivry Studio Casanova tel 01 43 90 11 11
dimanche 12 décembre 2010
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