mardi 2 février 2010

Menschel et Romanska de Hanokh Levin

Il fut en Israêl beaucoup reproché à Hanokh Levin (1943 - 1999) de donner une image peu flatteuse de la société qui le vit naître. Ce n'est certes pas avec la nouvelle dont a été tirée cette pièce qu'il fait amende honorable. Menschel a lié connaissance avec Romanska par téléphone. Il est persuadé qu'une fille qui porte un nom aussi romanesque ne peut être qu'un délicieux échantillon de l'éternel féminin. C'est le sexe en feu qu'il se rend au rendez-vous qu'ils se sont fixés. La fille a hélas les cheveux gras et le corps gourds de celles qui n'ont jamais été embrassée sauf, précise t-elle, par son papa quand elle avait 4 ans.

Menschel ne songe qu'à se faire la paire. Toute aussi déçue, Romanska qui espérait de cette rencontre qu'elle l'aide à sortir de son âpre routine quotidienne tient à défaut de commencer une nouvelle vie que Menschel l'invite dans un restaurant de renom. Mais le bonhomme est d'une nature avare et lui propose d'avaler un falafel (boulettes de pois chiche enveloppées dans un sandwich dégoulinant de sauce blanche appelée tehina) dans un marché populaire. La soirée dans laquelle ils avaient tous les deux placés tant d'espoirs est un fiasco. Romanska se sent traitée comme un paillasson tandis qu'il ne sait comment faire pour se consoler de la défaite de son ardente attente. Une fois la femme aux mines bilieuses partie, il se précipite dans un snack. A son grand dam, il y retrouve celle qu'il pensait ne jamais revoir.Il ne leur reste plus qu'à échanger des photos prises en un temps où ils étaient de ravissants petiots qui n'imaginaient évidement pas quelle vie en pente serait la leur. Comme disait l'un de mes amis cette pièce décrit la rencontre de deux vieux bébés.

Seul en scène, l'excellent Daniel Kenigsberg est non seulement le narrateur de ce navrant face à face, il suit aussi l'écheveau de la pensée des deux protagonistes qui chacun s'apitoie sur son sort. Souvent féroce, parfois cocasse, ce récit d'une histoire d'amour qui ne pouvait avoir lieu est typique de l'oeuvre de celui que beaucoup considèrent comme le plus grand auteur dramatique de langue hébraïque.

Cette création de la comédie de Caen peut être vue jusqu'au 21 février au Théâtre de la Vieille Grille tel 01 47 07 22 11

2 commentaires:

Anonyme a dit…

eh bien, comme je te retrouve, cher Joshka. Cette pièce, nous n'irons donc pas la voir ensemble, mais à l'occasion, peut-être pourra-t-on se revoir à une autre ?
Tu donnes envie, en tout cas.

irène berelowitch, ex-collègue affectionnée
(mel ireneb@atelierdubruit.net)

Joshka Schidlow a dit…

Je te reverrai avec plaisir et aussi vite que possible