samedi 13 février 2010

Le bruit des os qui craquent de Suzanne Lebeau

Dans un pays d'Afrique en perdition (mais qui réverbère aussi le Cambodge d' il y deux décennies ou la Colombie des Farcs) une fille au bord de l'adolescence prend sous son aile un gosse de huit ans qui, comme elle, a été arrachée aux siens. La petite, dénommée Elika, est chargée des besogne traditionnellement dévolues aux femmes et sert d'esclave sexuelle. A 13 ans (lors de son enlèvement elle en avait 10) elle est rompue aux pires batailles de la vie. Elle a fort à faire pour insuffler énergie et lucidité au gosse gracile dont le corps souvent déclare forfait.


La pièce de Suzanne Lebeau née en 1948 au Québec est bien sûr fondée sur des épisodes réels. C'est une infirmière qui découvrit le journal qu'elle écrivit sur sa monstrueuse odyssée lorsqu'après de patientes tentatives elle réussit à lui céder la kalachnikov dont elle ne se séparait jamais.


Dans le magma de sa mémoire, la "teenager" comme on disait ici se remémore comment elle fut happée par les événements et joua elle-même les terreurs. A travers l'aventure de ces enfants foudroyés, l'écrivaine se se demande jusqu' à quel degré de distorsion un être humain reste t-il encore lui même. La réponse est claire puisque avant de mourir à 15 ans du sida, la jeune fille prend conscience de l'état de barbarie dans lequel elle vécut. La metteuse en scène Anne-Marie Liégeois a réalisé un travail admirable de sobriété. Il faut reconnaître qu'elle disposait avec Isabelle Gardien, Suliane Brahim et Benjamin Jungers de comédiens doués à l'extrême.
Notre regret : ce spectacle si justement conçu et applaudi à tout rompre ne reste à l'affiche que dix jours.

Jusqu'au 21 février Studio -Théâtre Tel 01 44 58 98 58

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