La metteuse en scène Eva Vallejo et le musicien Bruno Soulier qui travaillent en duo sont loin d'être des inconnus. On n'est pas prêt d'oublier "La mastication des morts" de Patrick Kermann qu'ils ont montés en 2006 où les défunts enterrés dans le cimetière d'un village racontaient des épisodes pas toujours reluisants de leur existence. Ils ont, cette fois, choisi un texte d'une actualité brûlante écrit par l'auteure autrichienne établie à Berlin, Kathrin Röggla qui, après quantité d'enquêtes, se penche sur le surendettement des classes moyennes.
Comme dans toutes leurs créations, celle-ci réunit une multiplicité de personnages (jouées par cinq acteurs qu'accompagnent trois musiciens). Une mise en scène chorale donne la parole à des victimes de l'idéologie de la consommation qui mêlent paroles individuelles et paroles collectives.. Ce qui nous vaut quantité de scènes au climat dynamique où des hommes et femmes qui achètent à tout va voient la vie en rose. Jusqu'au jour où ils découvrent que leurs moyens se trouvent de plus en plus rabotés et leurs créanciers de moins en moins accommodants. Peu à peu se créent de vertigineux gouffres sociaux.Ce qui n'empêchent pas les 15 -24 ans d'être en proie à une faim dévorante de marques.
Ce qui frappe le plus dans ce spectacles hors norme est outre la performance physique des interprètes, le fait que les deux concepteurs se gardent bien de donner des leçons et d'engager ceux que leur confiance enthousiaste a parfois jeter sur le trottoir, à adopter un mode de vie plus strict. Ils savent pertinemment que l'humour qui est leur cheval de bataille, frappe davantage les esprits que les mises en garde. En donnant ainsi corps et voix aux laissés-pour-compte de la société de consommation, Eva Vallejo et Bruno Soulier inventent une nouvelle forme de théâtre politique à côté duquel les revendications militantes semblent d'un autre âge.
Il faut ajouter que pour ce qui est des éclairages leur talent est si considérable que c'est dans une lumière soudain rouge comme les flammes de l'enfer que les malheureux, saisissant enfin qu'ils ont été dupés, perdent spectaculairement la tête.
Jusqu'au 21 février Théâtre du Rond -Point tel 01 44 95 98 21
dimanche 14 février 2010
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