jeudi 21 mai 2009

Stuff happens de David Hare

Héritier d'auteurs remontés contre l'english way of life tels que John Osborne et Arnold Wesker, David Hare dépeint un monde  corrompu par la soif  du pouvoir et du fric. Cette fois il décrit avec minutie les aberrations diplomatiques qui ont ont menées à la guerre en Irak. Si sont présents tous les protagonistes d'un conflit mené à partir de renseignements falsifiés à savoir Bush qui n'a de cesse de rappeler qu'il obéit aux injonctions de Dieu mais apparaît la plupart du temps encore plus désinvolte que crétin, Powell qui a conscience  que la présence des armes de destructions massives repose plus sur des allégations fantaisistes que sur des sources sûres mais se pliera néanmoins aux décisions des fauteurs de guerre, Cheney qui sait mieux que personne faire régner l'opacité mais ne songe en réalité qu'à s'en mettre plein les fouilles. Mais, en digne sujet de sa majesté, c'est à Tony Blair que David Hare porte ses coups de serpe les plus féroces. 
Seul s'en tire avec panache Dominique de Villepin qui, on s'en souvient, s'opposa avec brio, à cette campagne guerrière qui en disait long sur l'impuissance de ceux qui la déclenchait. Curieusement, l'auteur ménage aussi Condoleezza Rice dont l'attitude restera jusqu'au bout ambivalente. Dans une scène finale qui laisse la gorge nouée un jeune irakien émigré aux Etats Unis depuis la prise de pouvoir de Sadam Hussein prend la parole pour rappeler les mots d'un racisme achevé : "stuff happens", qui signifient "ces choses arrivent", qu'avaient eu  Rumsfeld lorsqu'on  lui apprit que la "croisade contre le mal" avait provoqué la mort d'un nombre incalculable de civils irakiens.
La mise en scène bi-frontale d'une remarquable limpidité de Bruno Freyssinet et de William Nadylam et l'interprétation hors pair des nombreux acteurs qui endossent les rôles de personnages pour la plupart duplices font de cette tranche d'histoire récente un spectacle à ne pas manquer.
Jusqu'au 14 juin Théâtre Nanterre-Amandiers 

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