mardi 12 mai 2009

Liliom de Ferenc Molnar

Comme Casimir et Caroline d'Odön von Horvath, Liliom commence à la faveur d'une kermesse peu héroïque. Mais alors que chez l'auteur des Légendes de la forêt viennoise cette fête foraine est le lieu de tous les dangers, Molnar éprouve pour le petit peuple et les ruffians qui la fréquentent un sentiment de fraternité. Julie, une fille de modeste condition, y fait la connaissance de Liliom, un bonimenteur employé  aux manèges. D'emblée son panache voyou l'ensorcelle. Epris lui aussi, il abandonne son gagne- pain et s'installe avec sa bien aimée dont les larmes et l'envahissante attention éveilleront une malheureuse fois sa brutalité. Un enfant bientôt s'annonce. Afin d'échapper à la misère, Liliom accepte de participer à un mauvais coup fomenté par un de ses amis. L'affaire tourne mal et plutôt que de subir les foudres de la loi, le mauvais garçon se suicide.
Arrivé dans l'au-delà il est pris en charge par les détectives de Dieu qui lui laissent une seconde chance laquelle il ne saura saisir. Savante alchimie de réalisme et de fantastique, cette pièce d'un écrivain né en 1878 dans une famille de la bourgeoisie juive de Budapest met le spectateur en larmes, sans doute parce qu'elle rappelle toutes les occasions manquées et qu'il est des coups qui, parce qu'ils ont été portés par quelqu'un qui vibrait d'amour mais était à cours de mots, laissent le souvenir d'une caresse. Voilà qui est politiquement bien incorrect. Comme l'est le parler rugueux des personnages.
Joué dans un espace de bric et de broc par des comédiens peu connus mais d'une fraîcheur désarmante tels que Rasha Bukvic (acteur serbe qui exerce pour la première fois sa profession en français) et Agathe Molière, ce spectacle est sans conteste la plus grande réussite du metteur en scène Frédéric Bélier-Garcia qui  se retrouve depuis peu à la tête du Nouveau Théâtre d'Angers où il a eu le bon goût de créer cet inoubliable Liliom.   
Jusqu'au 18 mai Nouveau Théâtre de Montreuil

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