Voilà des lustres, plus exactement depuis "Einstein on the beach" (que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître...) que Robert Wilson ne nous avait convié à pareille fête. Après un chapelet de spectacles d'un maniérisme exacerbé, il a puisé dans Lulu de Frank Wedekind, l'un des plus brillants représentants de l'expressionnisme allemand, une source nouvelle d'inspiration.
Pour ce faire il a renoué les liens privilégiés qu'il a eu naguère avec Lou Reed, dont l'oeuvre est décidément composée de trésors d'envoûtements mélodiques et avec cette comédienne d'exception qu'est Angela Winkler à qui il a confié le rôle titre. Rôle qu'elle interprète avec une grâce aussi indéniable que celle de Louise Brooks dans l'immortelle Loulou de Georg Wilhelm Pabst.
Si on retrouve ici la lubricité fiévreuse de l'écrivain elle est mise par les soins méticuleux de Wilson dans l'écrin que forment des décors et des éclairages d'une splendeur à ne pas croire. Acteurs et chanteurs dirigés de main de maître sont, eux aussi, sidérants de savoureuse précision.
La pièce qui baigne dans le noir de son temps (les périlleuses années 20) relate, comment ne pas s'en souvenir, les passions jalouses que provoque une jeune femme, incarnation pour Wedekind du continent noir de la sexualité féminine. Bien que le diable semble mener la danse, les talents de Wilson et de Reed se conjuguent pour donner du piquant au destin tragique de Lulu et des personnages au parcours opaque qui l'entourent.Et le public d'exulter comme il ne l'a pas fait depuis les spectacles des allemands Peter Stein et Grüber.
Dans le cadre du festival d'Automne Jusqu'au 13 novembre théâtre de la Ville tel 01 42 74 22 77
dimanche 6 novembre 2011
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