Cette pièce en deux parties fut crée par Ariane Mnouchkine en 1985, à une époque où on était, comme l'écrit son auteure Hélène Cixous, "au milieu du champs chaotique de l'histoire d'un pays qui a été pris dans le cyclone politique mondial, piétiné, bombardé de toutes parts ... voué à un génocide auto-immunitaire..." En retraçant le destin brutalement scellé de son roi de droit divin elle eût à coeur de faire retrouver une identité aux survivants d'un peuple martyrisé.
Vingt six ans plus tard Delphine Cottu comédienne du Théâtre du Soleil et Georges Bigot, à qui fut à l'époque confié le rôle de Sihanouk, mettent, mais cette fois avec des acteurs cambodgiens, la pièce en scène. Ces jeunes interprètes étaient parfaitement ignorants des terrifiants évènements ici relatés.
Désireux d'être aimé de ses sujets pour la plupart paysans, Sihanouk apparaît au début comme une sorte de roi Salomon rendant justice aux plus démunis. Mais écartelé entre les extrémistes de droite et de gauche, il n'arrête de changer de stratégies qui toutes se révèlent inopérantes. D'un naturel buté il reste sourd aux arguments de ses proches mais pique des colères monumentales quand il devine que la partie est perdue.
Le rôle de ce personnage aux facettes innombrables est assuré par une comédienne d'un talent monstre : San Marady. Dirigés avec un doigté qui doit beaucoup à Ariane Mnouchkine, ses partenaires, comédiens et musiciens, sont eux aussi stupéfiants de justesse et d'inventivité. Mais le plus surprenant est que les metteurs en scène aient réussi à restituer le climat d'un monde où coexistent le quotidien et le surnaturel.
La première partie de cette fresque qui en compte deux se clôt avec l'entrée de Sihanouk, trahi de toutes parts, dans la nuit de l'exil. Porté par un ultime espoir il accepte l'alliance qui lui proposent les khmers rouges. Il est des spectateurs dont les larmes, alors, jaillissent à l'horizontale.
Dès ses premiers pas dans la tragédie Hélène Cixous se montre à la hauteur des maîtres de la Grèce Antique. Voilà qui doit sembler bien pompeux. On ne peut donc que conseiller d'aller y voir
Jusqu'au 4 décembre Théâtre du Soleil tel 01 43 74 24 08
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire