vendredi 26 août 2011

Thomas chagrin de Will Eno

Un homme occupe un plateau plongé dans le noir puis parcimonieusement éclairé. Des paroles jaillissent des gouffres de son être. On comprend vite qu'il ne parle sans fin que pour endiguer sa douleur. Sa difficulté à sortir de l'enfance est évidente. Parmi les souvenirs qui rappliquent il en est deux dont l'obsession le tenaille : la disparition de son chien alors qu'il était tout jeunot et sa rupture avec une femme pour laquelle il débordait de tendresse et lui apparaissait évidement aussi comme de la chair à fantasmes. Le jeune auteur dramatique américain Will Eno n'est pas né de la dernière giboulée qui sait qu'une séparation subie coupe non seulement de l'autre mais aussi de soi.


Afin de ne pas avoir le sentiment trop vif de partir en capilotade, l'homme qu'interprète Adrien Melin, acteur d'un talent vigoureux dont la voix force l'écoute, s'adresse à maintes reprises à des spectateurs puis n'attendant aucune réponse se remet à parler d'abondance, gambadant d'un sujet à l'autre. Ne croyez surtout pas que le désespoir étiré jusqu'à la folie qu'il manifeste de la sorte a sur le public un effet dévastateur. Le mic-mac mental de ce personnage en crise et certaines de ses réflexions telle que " plaisir d'amour ne dure qu'un instant, herpès d'amour dure toute la vie" provoque des rires irrépressibles. Finement dirigé par Gilbert Desveaux, Adrien Melin prend les mots au collet et dévoile autant le malaise que l'auto-apitoyament forcément grotesque qu'ils contiennent.

Jusqu'au 22 octobre Théâtre Les Déchargeurs tel 08 92 70 12 28

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