dimanche 16 janvier 2011

Absinthe de Pierre-Yves Chapalain

Il faut être de bien mauvaise foi pour prétendre qu'il y a en France un déficit de jeunes auteurs de théâtre. Il suffit d'aller ces jours-ci au théâtre de La Bastille pour découvrir" Identité" par Gérard Watkins ou" Absinthe" par Pierre-Yves Chapalain pour être convaincu que le talent n'appartient pas qu'aux vieux loups des lettres. L'auteur d'Absinthe - nom d'une jeune fille qui est aussi celui d'une liqueur qui rend fou - met en scène un cercle familial à première vue dénué d'aspérités qui se révèle être un lieu de chaos.

La fille de la maison prend conscience que sa vie est atrophiée par des non dits. A la surprise de sa parentèle son comportement change. Des voix qui emplissent ses nuits lui font comprendre qu'Il lui faut mettre au jour des zones ignorées du passé. Mais elle n'obtient aucune information de sa mère barricadée dans le silence et le déni. Le feu de la discorde se propage entre son frère et elle

Arrivent deux amies de la mère que celle-ci loge dans sa cave. L'une des deux lui offre des clés qui, on le comprendra vite, sont celles des enfers.Et les visiteuses de faire songer aux Erynies. Plus ça va, plus on sent dans ce texte d 'une saisissante puissance poétique des relents de tragédie antique. Investigateur de l'invisible qui creuse avec vigueur son propre style, Pierre-Yves Chapalain - dont vit l'an dernier La lettre jouée par les mêmes comédiens qui rivalisent de justesse - a, c'est l'évidence, une sacrée connaissance des ressorts de l'esprit humain.

Le prodige est que la pièce est, du moins à ses débuts, d'une innovante légèreté. Elle restera dans les mémoires de tous ceux dont la vie est encombrée d'héritages maudits comme un pincement au coeur

Ce texte si riche de secrets est paru aux éditions Les solitaires intempestifs

Jusqu'au 11février Théâre de la Bastille tel OI 43 57 42 14