Les pièces du trentenaire anglais Simon Stephen (qu'on découvrit avec le superbe Coutry music mis en scène par Tanya Lopert et joué notamment par Alexandre Zambaux) sont bien éloignées de celles de ses ainés dont la virulence des attaques contre la régression sociale était mêlée à la conviction que le libéralisme montrait des signes de faiblesse. Ecrite en octobre 2005, trois mois après les attentats - suicides perpétrés dans les transports en commun londoniens, elle ausculte en 7 séquences les comportements de quelques citoyens lambda dont le sol semble s'ouvrir sous leurs pas.
Les mutations politiques provoquent chez des personnages de tous âges une telle décrue des illusions qu'ils en arrivent à avoir des conduites qu'on aurait en d'autres temps trouvés aberrantes. Ainsi un ado à la verve furibonde en veut à tout un chacun et est sur le point de verser dans le terrorisme. En attendant, ce garçon qui a l'âge où l'on se trouve à l'apogée de ses pulsions libidinales, viole une de ses prof dont la présence l'émoustillait. Plus tard un autre enseignant dont la femme et le fils se sont éloignés et qui vit en solitaire reçoit la visite d'une ancienne élève qui, avoue-t-elle, le désirait autrefois ardemment et vient aujourd'hui le voir car elle le croit capable de lui trouver un job. Un jeu de séduction dont tous deux sortiront perdants, s'instaure entre eux.
Parmi les autres séquences marquantes (elles ne le sont pas toutes) l'une suit le parcours d'une vieille femme qui aime se caresser lorsqu'elle croit que ses voisins l'épient. Alors qu'elle écume les rues lui parvient une odeur de poulet cuit au barbecue. Elle pénètre dans la maison où se prépare le repas et demande une part de volaille qui lui est donnée sous les moqueries. L'hospitalité -mais ça on le savait! - n'est plus de mise... Notre préférence va à la scène où un frère reçoit la visite de sa soeur qui zonait. Lorsqu'elle lui propose qu'ils fassent l'amour, il ne lui résiste pas mais sachant la situation sans issue se séparera d'elle de façon brutale.
L'un des intérêts majeur de cette pièce que Laurent Gutman a mis en scène avec ingéniosité et que rehausse un splendide décor est qu'elle insiste sur le fait que les responsables des attentats sont, pour reprendre l'expression de l'auteur, "aussi anglais que les fish and chips". Elle se situe par ailleurs à l'époque où le comité olympique a décidé que les jeux auront lieu à Londres ce qui en désespère certains, conscients que les quartiers pauvres en pâtiront, et en réjouit beaucoup d'autres.
Histoire de montrer la fragilité affectives de ces représentants de notre société occidentale il est à la fin de chacune des séquence un moment où un personnage est dépassé par ses émotions et où quelqu'un lui demande pleures-tu ou ris-tu?
On est de fait partagé entre le rire et les larmes.
Jusqu'au 18 décembre Théâtre de La Colline tel 44 62 52 52
mercredi 24 novembre 2010
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