Il n'est pas une édition de ce festival initié il y a 14 ans par François Le Pillouër, directeur du TNB, où l'on ne dégotte au moins une perle. Il s'agit cette année de "Protect me" de l'auteur et metteur en scène allemand promis à un considérable avenir Falk Richter (artiste associé à la Schaubühne de Berlin). Avec la collaboration de la chorégraphe néerlandaise Anouk Van Dijk, il dresse un état nerveux des lieux et de notre époque en pleine tourmente sociale et morale. Une époque où triomphe la culture consumériste.
Spectacle d'une magie prenante à la croisée du théâtre et de la danse, "Protect me" s'appuie sur un texte qui n'a rien de bien remontant si ce n'est qu'il est d'une force sidérante. On n'est pas prêt d'oublier les scènes où un fils d'une quarantaine d'années, dont la mère n'est plus, tente de faire entendre raison à son père atteint de la dégenerescence mémorielle de certains vieux. Ce dernier a soudainement des tronçons de phrases qui rappellent l'odieuse idéologie qui baigna sa jeunesse. La grâce sauvage des jeunes danseurs- acrobates donne en revanche quelques espoirs pour le futur de notre société. Même s'ils se trouvent fréquemment enfermés dans des cabines closes dont leur énergie vitale et leur sensualité leur permet par instants de s'échapper. La fin de la représentation est elle aussi surprenante où un écrivain, dont on devine qu'il s'agit d'un double de Richter, exige d'une jeune femme qu'elle répète après lui que son texte l'a ébranlée au plus profond... Comédiens et danseurs évidement triés sur le volet sont pour beaucoup dans le charme soutenu que distille cet appel à se protéger des courants de non pensée et de nos propres errements.
On retiendra parmi les autres moments forts du festival "Adapting for distorstotion, 2. Repulsion and Haptic" où le chorégraphe japonais Hiroaki Umeda marqué par le mouvement hip hop danse devant un écran vidéo dans un décor sonore qui apparaît manifestement irrésistible au jeune public. A la sortie une ado dit, tout sourire, à ses copains "ah! ça dégaine".
Les frères Matej et Petr Forman (fils du cinéaste Milos Forman) invités régulièrement à "Mettre en scène" renouent selon leur habitude avec le cabaret forain. Spectacle à vocation populaire qui enchante les enfants et ravi les adultes qui les accompagnent " Obludarium" est une succession de saynettes, certaines émerveillantes d'autres plus poussives, qui rappellent les numéros de foire d'antan
Le spectacle qui suscita le plus de controverses est TDM3 de Didier-Georges Gabily qu'a mis en scène son ancien compagnon de route Yann- Joël Collin. Ceux qui connaissent cet auteur dramatique disparu il y a quelques années savent que son oeuvre suinte de mal être. Ce qui, on le comprend, met grand monde mal à l'aise. Comme le texte est extrêmement touffu et parfois obscur et que de plus on vit un temps de zapping et d'accélération, il ne peut guère être apprécié à sa juste valeur. Il serait toutefois injuste de ne pas applaudir les interprétations de Yann- Joël Collin et d'Alexandra Scicluna, vivante image du désespoir et de la compassion. L'utilisation de la vidéo est, elle, d'une ingéniosité qui évoque celle de Heiner Goebels
Mettre en scène vient de se terminer. Il laissera des souvenirs qui nous font attendre avec impatience l'édition 2011.
Théâtre National de Bretagne tel 02 99 31 12 31
lundi 22 novembre 2010
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