Dès le début de cette avant dernière pièce de Molière le ton est donné. Martine, la vieille domestique de Chrysale, le maître de maison, est chassée par Philaminte, son épouse. A t-elle commis un larcin? Volé de l'argent? Pas le moins du monde. Mais elle a fait bien pire en s'acharnant à parler comme les gens de sa condition, estropiant ainsi la langue ce qui a pour effet de blesser les oreilles de madame. Celle-ci et les femmes de la famille sont sous l'empire de Trisotin, un pseudo poète qui a de lui-même une vision grandiloquente.
Comme dans Les précieuses ridicules mais avec davantage de véhémence, Molière s'en prend ici au pédantisme de salon. Cette pièces fait d'ailleurs écho à plusieurs de ses précédentes réussites. Comme dans Tartuffe il traque les comportements hypocrites d'un homme qui a réussit à embobiner une personne fortunée. Philaminte est aussi dupe des flatteries de son protégé que l'était Orgon de la fausse humilité du sieur Tartuffe. Elle exerce de plus un ascendant terrifiant sur son mari qui même lorsqu'il s'agit du mariage imposé à Henriette, sa plus jeune fille, avec Trisotin dont il perçoit pourtant la cuistrerie, n'ose formuler son désaccord. C'est Ariste , son frère, qui réussira à confondre l'imposteur.
Bruno Bayen, qui revient à la Comédie Française après en avoir été écarté pour avoir voulu mettre en scène une pièce de Peter Handke lequel ne faisait pas mystère de son soutien à Milosevic, s'est bien gardé de réaliser un spectacle anti-féministe.Ce qu'il pointe est l'imposante bêtise de femmes qui veulent fonder une académie des lettres avec le projet d'éliminer les termes qui mettent leur sensibilité à trop rude épreuve tels ceux commençant par "cu" ou "con". N'étaient ce quelques emprunts à des époques récentes telle une scène bercée par l'air des "petits papiers" chanté il y a quelques années par Régine, le spectacle est des plus réjouissants. Si les comédiens sont unanimement à leur affaire on tient néanmoins à souligner l'interprétation toute en finesse d'Isabelle Gardien qui campe une Bélise d'une irrésistible drôlerie. C'est là vraisemblablement sa dernière apparition dans une création de la Comédie Française qu'elle quittera -mais pas de son plein gré - dans peu de temps.
Jusqu'au 7 novembre Théâtre du Vieux-Colombier tel 01 44 39 87 00
vendredi 24 septembre 2010
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