mardi 21 septembre 2010

I demoni "Les démons" de Fedor Dostoïevski

Peter Stein, qui régna de 1970 à 1987 sur la prestigieuse Schubühne de Berlin et s'est désormais fixé en Italie, fait son retour au festival d'automne. Certains gardent le souvenir ébloui de l'Orestie, des Trois soeurs de Tchekhov et des Estivants de Gorky qu'il monta avec des comédiens allemands et présenta en France. Il s'attaque cette fois à l'oeuvre proliférante de Dostoïevski Les démons aussi connue sous le titre Les possédés qu'il a lui même adapté pour la scène.

Une trentaine d'acteurs italiens occupent le plateau et restituent la puissance visionnaire de ce monument de la littérature russe. Il serait vain de tenter de résumer cette fresque de quelque dix heures dont la plupart des personnages sont en proie à des pulsions homicides ou suicidaires. Metteur en scène de tout premier plan, Peter Stein a opté pour un jeu et des décors minimalistes. Ce qui dans un univers où chacun se singularise par une présence forcenée est particulièrement téméraire.

L'un, Stavroguine, se roule dans l'abjection. La scène où il confie ses infamies à un pope qui, au début du moins, a l'écoute flottante d'un psychanalyste, est sans doute la plus saisissante du spectacle. Piotr, un des autres principaux protagonistes est à la tête d'un groupe de révolutionnaires. Il s'agit en réalité d'un voyou consommé qui dévoie avec un cynisme qui va jusqu'au meurtre les idéaux de ceux qu'il tient sous sa botte. On pense évidement tout au long de ces scènes aux purges orchestrées par Staline et plus près de nous aux noyautages des groupes gauchistes par des individus à la solde du pouvoir. Comme le déroulement de ces innombrables événements se déroule dans la Russie tsariste on croise quantité d'hommes qui ont troqué leurs convictions religieuses pour les idéologies anarchistes ou nihilistes. Ce qui est un peu à l'inverse de ce qui s'y passe aujourd'hui où la croyance dans le divin est revenue en force.

Comme dans toutes les créations qu'on a pu voir de lui, Peter Stein témoigne ici de la capacité du théâtre à capter les remous infects ou nobles qui traversent la société des humains.

Jusqu'au 26 septembre Odéon - Ateliers Berthier tel 01 44 85 40 40

Aucun commentaire: