La pièce tourne autour des liens qui vont unir des années durant Jung à sa première patiente Sabina Spielrein, une jeune juive russe au pédigree familial chargé dont les flambées de testostérone ont poussé ses parents à la placer dans l'hôpital où officie celui que Freud considère encore comme son disciple le plus prometteur. Il apparaît vite que lorsque sa psyché n'est pas en effervescence, l'intelligence est le fort de sa patiente. Bientôt elle prend feu dès qu'elle le voit. Bien que père d'une ribambelle de plus en plus nombreuse d'enfants, Jung ne résiste pas longtemps à ses attraits.
Freud qui n'est guère partisan des liens trop intimes entre les psychanalystes et les sinistrés de l'âme qui sont venus les consulter ne semble pas disposé à favoriser cette liaison. Affirmant la raison contre la religion, il apprécie aussi très peu le goût de la spiritualité mais aussi les penchants antisémites qu'il devine chez Jung. A la grande déception de son amant Sabrina se rendra à Vienne pour poursuivre son analyse à la Burgstrasse. Consciente qu'il n'y a pas d'autres mémoires que celles des blessures (comme l'écrit Milosz), elle deviendra elle-même analyste.
Barbara Schulz compose surtout , lorsqu'elle n'exprime pas de façon un peu trop prévisible la douleur tapie dans son coeur, une inoubliable Sabina Spielrein, Bruno Abraham-Kremer peaufine un Freud inattendu, étincelant d'humour. Léna Bréban fait, quant à elle, de madame Jung un être d'une chaleureuse humanité. On notera parmi les scènes les plus réussies, celles, hélas trop brèves, où Otto Gross, qu'interprète Alexandre Zambeaux, fait l'éloge de l'intempérance. La force de ses arguments laisse son thérapeute séduit et sans voix.
Théâtre Montparnasse tel 01 43 22 77 74
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