Autre spectacle qui fut l'objet de controverses : La petite pièce en haut de l'escalier de Carole Frechette auquel s'est coltiné Blandine Savetier. L'auteure qui aime flirter avec le fantastique décrit une jeune femme qui vient d'épouser le propriétaire d'une maison au nombre de pièces impressionnant. Seul l'accès de l'une d'entre elle lui est interdit. D'abord étourdie par le vertige qu'apporte une soudaine richesse, la jeune femme n'aura bientôt d'autre obsession que de pénétrer dans la chambre qui doit rester close. On songe évidement à Barbe bleue. Mais la dramaturge a pris l'initiative d'user de nombreuses disjonctions narratives, ce qui rend ce texte, qui pourrait avoir été écrit en des temps reculés, étrangement prenant. On comprend toutefois qu'une portion de public soit resté insensible à cet univers proche de celui d'un conte.
Mais le clou de cette bribe de festival auquel nous avons pu assister est Edouard II de Christopher Marlowe qu'a choisi de monter Cédric Gourmelon. (et qu'il a traduit avec André Markowicz) Follement épris de Glaveston, son mignon, le roi le couvre de faveurs ce qui lui vaut l'hostilité des nobles du royaume. Plus qu'une pièce sur l'homosexualité, Edouard devient le récit de la passion dévorante que le roi, malgré le pouvoir dont il est investi, payera au prix le plus fort. Une scénographie austère est régulièrement contrebalancée par des bouffées baroque que n'aurait pas désavoué un cinéaste comme Werner Schroeter dont l'oeuvre est nourrie d'artifices aussi somptueux qu' audacieux (on pense notamment à ce moment ou l'aimé apparaît enrobé d'une musique qui en dit long sur les sentiments qu'éprouve pour lui le souverain). Cédric Gourmelon possede avec Vincent Dissez qui interpete le roi une carte maîtresse. Sa présence effrénée, son acharnement à évoquer à tout bout de champs son bien aimé, les patins qu'il lui roulent devant la cour réunie (et sa femme rejetée) et les rires maladifs dont il est pris à l'annonce de l'exécution de ses ennemis génèrent une tension qui a sur le reste de la troupe un effet galvanisant. S'il est un spectacle qui aura provoque durant ce week end un onde choc, c'est celui-là. (les 2 et 3 dec l'hippodrome, scène nationale de Douai, les 12 et 1" dec Théâtre Brétigny sur Orges, du 5 au 31 janvier Paris- Villette
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