Aziz Chouaki réussit l'exploit de raconter en à peine plus d'une heure l'histoire précipitée et sanglante de l'Algérie. Si le comédien Azzedine Benamara et sa partenaire Mounya Boudiaf ont au début, à cause d'une écriture bourrée de fioritures, du mal à capter l'attention, il en va tout autrement par la suite. Avec des mots d'une simplicité ravageuse l'auteur évoque la présence française, la guerre qui se déclencha en 1954 et évidement l'indépendance avec son "corso fleuri de promesses". Après avoir pavoisé pendant huit jours, la foule algérienne ne va plus cesser de dérouiller. Et l'interprète, à présent remarquable, devient le greffier des souffrances de son peuple.
Le plus surprenant est que c'est d'une écriture joyeuse et des juxtapositions inattendues de mots que Chouaki décrit cette société défigurée par la violence. En particulier celle des barbus ignares persuadés qu'eux seuls sont en ligne directe avec Dieu. Il ne fait pas de doute qu'en dépit de ses descriptions d'un monde tout en nervosité agressive, il a pour son pays et surtout pour la ville maritime d'Alger un attachement organique. Comment sinon pourrait-il en parlant de la mer se souvenir "de ses odeurs qui fouettent les narines"?
Laurent Hatat qui assure la mise en scène n'est pas seulement un directeur d'acteurs de haut vol. L'absence de décor lui laisse les mains libres pour donner des élans inédits à un texte à priori peu fait pour la scène mais qui dépeint avec tant de justesse une population qui aujourd'hui encore n'a pas un mètre d'avenir devant elle. Si ce "conte contemporain" comme l'appelle l'écrivain a pour titre Les oranges c'est sans doute en mémoire de cet âge d'or où musulmans, juifs et catholiques vivaient en harmonie en Andalousie. Les jardins de Grenade n'étaient -ils pas plantés d'orangers?
Jusqu'au 21 août Lucernaire tel 01 45 44 57 34
lundi 9 août 2010
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