vendredi 6 août 2010

Bussang 2010

Le théâtre du Peuple fondé par Maurice Pottecher fils d'un industriel vosgeois, dans le but de faire comprendre aux ouvriers qu'il est d'autres horizons que la ligne bleue des Vosges, fête cette année ses 115 ans d'existence. C'est en mettant en scène dans un théâtre en bois des farces de Molière, qu'il faisait jouer dans le langage local par les villageois, qu'il se lança dans l'aventure. Cet acte de paternalisme social n'était pas aussi aberrant qu'on a pu le croire à certaines époques puisque le lieu n'a guère changé, qu'à chaque représentation la salle est comble et que les metteurs en scène, obligés par les statuts d'offrir des rôles à des comédiens amateurs, peuvent se permettre de choisir des pièces riches en personnages. Ce que seule peut s'autoriser la Comédie Française...

Deux spectacles sont à l'affiche. L'un, qui se voit en matinée, mêle professionnels et amateurs. L'autre donné en soirée est l'affaire de gens du métier. Il s'agit cette année d'une opérette intitulée Le gros, la vache et le mainate. L'auteur en est l'actuel directeur des lieux, Pierre Guillois qui en a confié la mise en scène à Bernard Menez et n'y va pas avec le dos de la cuillère. La première scène donne le ton où un gros tout sourire chante et danse sa joie d'être enceint. La suite tient encore bien davantage du burlesque provocateur. Les moments les plus savoureux, les plus égrillards aussi on les doit à Jean-Paul Muel et à Pierre Vial qui jouent deux tatas, véritables chipies qui n'arrêtent de s'asticoter et de tenir des propos salaces.On ne dira rien de leurs comportements sauf que même Copi n'aurait osé les imaginer.


Parlant de ce petit monde en surchauffe, Jean-Paul Muel a cette phrase d'une frappante justesse: "c'est l'incursion des Marx brothers chez Pirandello". Pierre Guillois, en effet, ne se prive pas du plaisir d'introduire une pièce dans une autre. Il est des moments où la pitrerie semble tourner en rond. Mais quelques secondes plus tard on se surprend de nouveau à hoqueter de rire. C'est sur un tableau d'une surprenante beauté que se clôt cette frappadinguerie.


Tout autre est évidement Peau d'âne qu'a reécrit et monté Olivier Tchang Tchong. Il est clair, tant le danger de l'inceste que veut commettre un roi avec sa fille tout juste devenue femme, est présent que le metteur en scène a lu attentivement La psychanalyse des contres de fées de Bruno Betelheim. Le conte se transforme du coup en tragédie élisabéthaine. Une très belle scénographie et des scènes interprétées dans la lumière naturelle donne à cette version trash de l'oeuvre de Charles Perrault des accents inédits.

Jusqu'au 28 août Théâtre du Peuple-Maurice Pottecher tel 03 29 61 50 48 Peau d'âne à 15h Opérette barge Le gros, la vache et le mainate à 20h30

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